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DESCRIPTION
Le Tacon emprunte une combe longue et profondément creusée s'ouvrant dans le flanc occidental d'un anticlinal coffré dit anticlinal des Bouchoux. Le substrat de cette vallée correspond à des alluvions fluvio-glaciaires, déposés par les eaux de fonte lors du réchauffement postglaciaire. Depuis, le régime torrentiel du Tacon a facilité une profonde incision du cours d'eau dans ce matériel très fragile, provoquant de nombreux glissements de terrain sur ses deux versants. Le coteau au-dessus du Moulin d'Aval en est un exemple spectaculaire, où la mise à jour des dépôts glaciaires par effondrement lui confère une structure éboulitique.
L'intérêt patrimonial de ce type d'habitat rocheux instable est très fort en raison de sa nature primaire et de sa fonction de refuge pour de nombreuses espèces très spécialisées. Pour s'y implanter, les organismes vivants, dont la végétation, doivent être en effet capables de supporter les rudes conditions édaphiques (liées au sol) et climatiques, telles que les sévères amplitudes thermiques journalières et annuelles, ainsi que les différents types de mouvements éventuels des éléments pierreux. Ceux-ci sont liés à la quantité et à la fréquence des matériaux apportés, issus de falaises et de rochers, mais aussi aux glissements provoqués par les phénomènes de gélifluxions et de ruissellements, comme tel est le cas de l'éboulis du Moulin d'Aval. Enfin, l'instabilité du substrat est également modulée par l'intensité de la pente et la granulométrie des éboulis.
Dans le cas de l'éboulis du Moulin d'Aval, plusieurs groupements végétaux très originaux ont été recensés. Les pierriers proprement dits sont le domaine des formations à calamagrostide des montagnes, qui ont pour point commun d'abriter cette grande graminée et d'être installées sur des éboulis d'origine glaciaire. La flore se distingue notamment par la présence de l'épervière à feuilles de statice, une montagnarde assez commune dans les Alpes mais rarissime dans la région. Actuellement, les quelques stations connues sont toutes localisées autour de Saint-Claude et cette curieuse répartition semble liée à la présence dans cette partie du Jura d'éboulis d'origine glaciaire, hétérogènes et riches en matière fine, milieux exclusifs de l'espèce dans la région. En mosaïque avec la végétation typiquement d'éboulis, certains secteurs stabilisés de petite surface abritent une végétation de pelouses proche des mésobromaies installées sur substrat graveleux. Non loin de cette végétation des milieux plutôt secs et bien drainés apparaissent sur les éboulis des espèces de milieux humides, à la faveur des nombreux suintements d'eaux carbonatées. La plus rare d'entre elles est la prêle panachée, une plante protégée en Franche-Comté qui affectionne les alluvions sablonneuses pauvres en matière organique.
ETAT DE CONSERVATION GENERALE DU SITE
L'état de conservation du site est bon, étant donné que sa topographie le rend inaccessible à toute artificialisation ou utilisation humaine. On constate cependant une avancée progressive des ligneux qui pourrait porter préjudice aux habitats d'intérêt du site, et notamment à quelques espèces protégées et considérées comme quasi menacées en Franche-Comté, telle la Prêle panachée.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, la présence de deux plantes protégées en Franche-Comté par l'arrêté du 22.06.92 assure indirectement la protection de cette zone puisque est interdit tout acte de destruction à l'encontre de ces espèces et de leur milieu.
OBJECTIFS DE PRÉSERVATION
Aucune menace ne pèse actuellement sur l'éboulis du Moulin d'Aval. Seule une stabilisation totale de l'éboulis pourrait conduire à une reprise de la dynamique végétale et conduire progressivement à une fruticée dense à base de saules à oreillettes et des torrents et d'épicéa, préjudiciable au maintien de la flore et de la végétation associées à l'éboulis. Les principales mesures de conservation de l'éboulis sont :
- l'absence d'exploitation des pierriers comme source commode de granulats,
- l'interdiction d'y déposer les rémanents d'exploitations voisines, susceptibles d'accélérer le boisement et la stabilisation des éboulis,
- la conduite d'actions de gestion écologique, ponctuelles et douces, dans les secteurs où la colonisation par les ligneux compromettrait le maintien des espèces héliophiles rares (prêle panachée, tolpis).
Il est également préconisé d'interdire le dépôt de substances ainsi que l'exploitation des granulats. Une gestion de l'embroussaillement semble difficile à cause du caractère accidenté du site. Il serait par ailleurs envisageable de clôturer le haut du site pour éviter tout accident.
Zone d'extension des éboulis abritant des espèces à intérêt patrimonial.
