Description
A l’extrême sud du département du Jura, les conditions géomorphologiques (encaissement des vallées, opposition de versants plus ou moins abrupts, contraste entre anciennes vallées glaciaires et plateaux) et géologiques (diversité de nature du substrat calcaire) sont à l’origine d’une grande variété de milieux naturels. Dominant la dépression de Choux et Vulvoz, le Cuchet, culminant à 1018 mètres, constitue une corniche rocheuse calcaire remarquable. Au sommet, un belvédère permet d'apprécier un superbe panorama.
Cette zone représente un exemple typique de la diversité des communautés végétales occupant un versant d’adret dans cette région naturelle.
Les sols squelettiques carbonatés du plateau et du haut de versant d’exposition sud accueillent une pelouse xérophile (très sèche) à genêt poilu et laser siler ; celle-ci est remplacée en situation plus froide par un groupement à globulaires ponctuée et à feuilles en cœur. Localement, une fruticée thermophile montagnarde à amélanchier, genévrier et nerprun des Alpes parvient à s’implanter à la faveur de fissures dans la roche. Les parois et vires voient le développement d’une communauté clairsemée à kernérie des rochers et seslérie bleuâtre. Au pied de la falaise, des cônes d'éboulis issus du délitement de la paroi sont colonisés par des groupements très spécialisés : association montagnarde à rumex à écussons sur les éboulis mobiles bien ensoleillés en haut de pente, relayée par une formation à polypode de Robert sur les pierriers stabilisés, plus grossiers et ombragés en contrebas. Des fourrés arbustifs contribuent à fixer ces éboulis.
Les habitats forestiers, dominants sur la zone, se répartissent selon l’exposition et la topographie :
la chênaie pubescente, sur les pentes rocailleuses, se caractérise par des arbres chétifs aux formes tortueuses, en raison des conditions hydriques extrêmes ; la hêtraie à seslérie blanchâtre est installée dans les stations bien exposées du nord-ouest de la corniche, sous la forme d’un taillis à base de hêtre et d'alisier blanc potentiellement riche en espèces patrimoniales ; la hêtraie-sapinière neutrophile, assez commune à l'étage montagnard inférieur, occupe les sols plus profonds du plateau.
Des ourlets thermophiles externes marquent la transition entre groupements ouverts et forestiers.
Les contrastes hydriques et thermiques très marqués et l'instabilité du substrat des milieux rocheux entraînent la sélection des plantes les mieux adaptées à la rudesse des conditions écologiques, ce qui explique la présence de nombreux éléments méditerranéo-montagnards, comme l’églantier glauque. De plus, cette zone abrite un taxon protégé dans la région.
La diversité floristique et structurale de cet ensemble est très favorable aux insectes. En particulier, le cortège de papillons de jour est riche en espèces de climat chaud, ce qui est remarquable à cette altitude.
Statut de protection
Le site du Cuchet bénéficie d'un statut de réserve biologique forestière dirigée, dont le but est d’assurer une protection et une gestion conservatoire des habitats naturels rares ou intéressants (groupements thermophiles et hêtraie-sapinière, traitée ici en futaie jardinée). En outre, la présence d’une plante et d'un insecte protégés confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels du 22/06/92 et du 23/04/2007).
Objectifs de préservation
Les principales mesures de conservation consistent à assurer la pérennité des plages ouvertes tout en maintenant la diversité de structure de l’ensemble. Le développement excessif des pins et des genévriers sur le plateau nécessite notamment une intervention modérée et ponctuelle.
De plus, l’entretien régulier du sentier menant au belvédère permet de canaliser les nombreux promeneurs estivaux sans affecter la flore xérophile située de part et d'autre (les sols et la végétation des pelouses étant extrêmement sensibles au piétinement).