DESCRIPTION
Sous nos latitudes, la cohabitation entre les chauves-souris et l'homme s'est amorcée depuis quelques centaines de milliers d'années, ces deux mammifères ayant partagé des espaces souterrains communs dès la Préhistoire. Cependant, les périodes glaciaires obligeront les chauves-souris à migrer au sud à la rencontre de conditions plus chaudes et ce n'est qu'avec le réchauffement climatique intervenu 6000 ans avant notre ère que leur peuplement devient assez semblable à celui actuellement connu. Toutefois leur répartition diffère : la forêt couvre majoritairement notre continent si bien que dominent les espèces forestières qui profitent des cavités des arbres ou décollement d'écorces (vespertilion de Bechstein, noctule commune, barbastelle). La sédentarisation de l'homme et le développement de l'élevage ont progressivement induit un nouveau changement lié aux défrichements, à l'assèchement des marais pour l'agriculture et à la construction. Ainsi, sont nés les paysages semi-ouverts dont ont profité des espèces comme le grand rhinolophe ou le grand murin. En même temps, le développement des villages et des villes a favorisé les chauves-souris thermophiles comme le petit rhinolophe, la pipistrelle commune ou la sérotine commune ; toutes trouvent sous les charpentes ou derrière des volets des conditions de température estivales élevées qui leur sont très favorables pour l'élevage de leurs jeunes.
Les terrains de chasse changent régulièrement au cours de l'année en fonction des concentrations d'insectes et ce sont les biotopes de transition qui assurent les meilleurs garde-mangers et en particulier ceux situés non loin de l'eau : haies riveraines, cours d'eau, zones humides, lisières forestières et forêts. Il s'ensuit généralement des changements de sites, constants et étroitement liés au rythme biologique. Les distances entre ces gîtes sont variables : de 200 kilomètres pour le minioptère de Schreibers, elles n'excèdent pas 5 à 10 kilomètres pour le petit rhinolophe. Ces divers facteurs environnants ont induit, pour la plupart des espèces, une grande fidélité aux gîtes d'hiver et de mise bas.
Aux Planches-près-Arbois, le clocher et les combles de l'église abritent une colonie de chauves-souris composée principalement de femelles de petit rhinolophe, environ 65 individus, conférant à ce gîte un indice chiroptérologique de 16. Elles viennent dans ce bâtiment pour mettre bas et élever leur unique jeune dans la période comprise du mois de juin à août. Ainsi, à cette époque, cette population de chauve-souris est particulièrement vulnérable au dérangement. Le petit rhinolophe figure dans la liste rouge des espèces menacées en Franche-Comté. Cette colonie est une des plus importantes connues en Franche-Comté d'où l'intérêt de sa préservation dans l'église des Planches-près-Arbois.
STATUT DE PROTECTION
L'église des Planches-près-Arbois appartient à un site classé et figure dans le réseau Natura 2000. En même temps, l'arrêté ministériel du 23 avril 2007 assure une protection stricte des espèces et interdit la destruction ou l'altération des sites de reproduction ou des aires de repos.
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Les travaux sur la toiture, le traitement des charpentes, la fréquentation humaine ou l'éclairage de l'édifice constituent les principales menaces pour la colonie. Une convention est en cours d'élaboration entre la commune et la Commission de protection des eaux afin de contractualiser ces différentes préconisations.
Concernant les territoires de chasse, ces chauves-souris exploitent les milieux naturels dans un périmètre moyen de trois kilomètres à partir de l'église : forêts feuillues, prairies pâturées, vergers et bosquets maillés par des haies ou ripisylves, la continuité de ce réseau étant indispensable au déplacement des adultes. Il importe donc de conserver ces milieux en favorisant une exploitation des terres ne faisant pas appel à des pesticides ou à des avermectines pour vermifuger le bétail car ces produits induisent des accumulations néfastes sur le long terme pour cette espèce.
Habitat artificiel d'une colonie de chiroptère prioritaire