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DESCRIPTION
Dans la haute chaîne du Jura, le plateau de Maîche est issu de l'érosion d'une structure plissée qui s'est trouvée émoussée. La tourbière du Prélot se situe dans une dépression en bordure de la D435 dont le fond est imperméabilisé par des marnes oxfordiennes. Dans cet environnement de prairies plus ou moins amendées et de forêts, le site présente un grand intérêt écologique et floristique. Sa position en bordure d'un synclinal lui confère en outre un attrait paysager remarquable.
Les tourbières sont des biotopes spécialisés qui engendrent des écosystèmes particuliers. Leur microclimat a permis le développement d'espèces boréo-arctiques (espèces des régions nordiques de l'Europe).
Dans le massif du Jura, en altitude, les facteurs climatiques sont propices à l'installation de tourbières. A partir de cuvettes remplies d'eau, les tourbières se forment et évoluent lentement depuis environ 12 000 ans : colonisation de l'eau libre (tremblants), bas-marais alcalin, puis tourbière bombée (haut-marais acide), caractérisée par l'installation des coussins de sphaignes et l'indépendance fonctionnelle vis-à-vis des eaux carbonatées. Enfin, l'assèchement et l'installation des ligneux marquent le stade " climacique ". Souvent, la tourbière présente différents stades et des formes de transition riches en espèces. C'est le cas de la tourbière du Prélot, constituée d'une tourbière de transition et de bas-marais acide et alcalin. L'ensemble est ceinturé par une auréole de prairie paratourbeuse oligotrophe.
La tourbière du Prélot a subi des influences anthropiques, comme en témoigne la présence de fronts de taille : elle est dite " dégradée ". Toutefois, elle recèle une végétation authentique de tourbière de transition dans les fosses de recolonisation. Son intérêt floristique est lié en particulier à la présence de la laîche des bourbiers. Cette espèce en régression est protégée à l'échelon national. La grassette commune, quant à elle, est une plante carnivore protégée en Franche-Comté. Dans le bas-marais alcalin, un cortège floristique de plantes spécialisées se développe : ces espèces supportent les fluctuations de niveau d'eau (battement du toit de la nappe phréatique) et les conditions d'humidité contrastée auxquelles elles sont soumises. Ces plantes, de répartition strictement limitée, sont inféodées à ces premiers stades de la formation d'une tourbière.
Un peu plus au nord, quelques bassins de pisciculture extensive à usage de loisirs présentent une végétation aquatique et amphibie intéressante (roselière et cariçaie à petites laîches notamment).
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, la présence d'espèces végétales protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés des 20/01/82 et 22/06/92).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
La fonctionnalité écologique de la tourbière dépend en premier lieu du maintien des conditions hydriques existantes : toute opération de drainage ou d'assainissement, ou a contrario, de mise en eau, sont à éviter. Or, un aménagement en étang du site du Prélot est prévu. Les bas-marais alcalins font partie des habitats qui ont subi la régression la plus grave et leur préservation est d'un intérêt majeur. Comme pour l'ensemble des zones humides, les fonctions de ce secteur dans le cycle de l'eau sont essentielles. Les tourbières sont bien plus que des réservoirs de biodiversité : ces importants réservoirs hydriques jouent un rôle régulateur dans la circulation complexe des eaux superficielles et souterraines de la région.
En outre, les apports d'engrais, provoquant un enrichissement en éléments nutritifs, sont déconseillés au sein de la zone et dans les prairies environnantes. Dans le cas contraire, il s'ensuivrait un déséquilibre trophique préjudiciable à la flore très spécialisée des tourbières.
