DESCRIPTION
Au sud de Pontarlier, la vallée du Drugeon occupe une large cuvette qui repose sur des dépôts glaciaires où alternent des couches plus ou moins imperméables. Celles-ci sont à l’origine de la formation de vastes zones humides, notamment des tourbières. Dans son ensemble, ce bassin, où les milieux juxtaposés en mosaïque se complètent, constitue une unité écologique d’une valeur exceptionnelle, unique dans toute la chaîne jurassienne et en France.
Au cœur du village, l'étang de la Rivière-Drugeon, bordé de roselières, compose avec le bâti un ensemble de grande qualité paysagère. En queue d’étang et autour du Drugeon, la topographie plane est propice à la formation de vastes zones humides. Elles sont occupées essentiellement par des roselières, des cariçaies (groupements de grandes laîches), des mégaphorbiaies à aconit napel et reine-des-prés (formations humides de hautes herbes), et surtout des prairies humides parmi lesquelles les associations paratourbeuses à trolle d’Europe, abondamment colorées en période de floraison, sont particulièrement intéressantes. Des prairies mésophiles fauchées ou pâturées, quelques saulaies arbustives et même une pelouse sèche à sainfoin et brome dressé complètent l’ensemble. Cette mosaïque d’habitats sur une belle superficie constitue une entité à peu près unique dans le bassin du Drugeon.
Ces formations végétales recèlent toute une flore rare et menacée, parmi laquelle six plantes bénéficient d’une protection en France ou dans la région : l’œillet superbe, la polémoine bleue, la grande douve, ainsi que la fritillaire pintade, la saxifrage granulée et la stellaire des marais.
Pour la faune, on recense l’agrion de Mercure, demoiselle liée aux ruisselets bien ensoleillés et végétalisés, protégé en France. Enfin, des oiseaux emblématiques, comme le vanneau huppé, la bécassine des marais et la marouette ponctuée nichent sur cette zone.
STATUT DE PROTECTION
Cette zone est incluse dans le site Natura 2000 « Bassin du Drugeon » au titre des Directives « Oiseaux » et « Habitats » et fait l’objet d’un Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope en vue de la protection réglementaire des habitats d’espèces de flore et de faune protégées. De plus, les arrêtés ministériels des 20/01/82, 8/12/88, 22/06/92, 23/04/07 et 29/11/07 relatifs aux espèces protégées confèrent indirectement un statut de protection au milieu : il est interdit de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent. Enfin, le bassin du Drugeon dans sa globalité est désigné comme « Zone humide d’importance internationale » au titre de la Convention de Ramsar.
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Les zones humides (tourbières et prairies humides notamment) sont des réservoirs de biodiversité et jouent également un rôle régulateur important dans la circulation des eaux superficielles et souterraines de la région. Dans le cas du bassin du Drugeon, cet intérêt est rehaussé par la qualité exceptionnelle de cet immense secteur. Toutefois, ces habitats sont particulièrement fragiles et sensibles aux perturbations. Au cours du temps, diverses activités humaines ont profondément marqué leur nature et leur fonctionnement ; de plus, des tentatives d’aménagement ont fortement porté atteinte à ces milieux originaux. Des opérations de restauration et de sauvegarde ont été initiées à partir de 1993 dans l’ensemble du bassin, avec la mise en œuvre de différents programmes (Life Drugeon, Natura 2000). A ce titre, l'étang de la Rivière-Drugeon a fait l'objet d'un désenvasement. La préservation de la fonctionnalité hydrologique et de la qualité des eaux apparaît en effet comme un enjeu majeur pour la conservation des habitats humides et des espèces. En particulier, le maintien de bandes tampon avec les parcelles agricoles plus intensifiées est essentiel afin d’éviter une banalisation de la flore.
Il faut souligner que ce secteur se situe à la charnière entre les parties méridionale et septentrionale du bassin du Drugeon ; de ce fait, il joue un rôle fondamental en matière d’échanges biologiques entre ces deux ensembles.