English Version
DESCRIPTION
Au cours de l’ère quaternaire, le secteur compris entre Nozeroy et la forêt de la Haute Joux s’est trouvé largement recouvert par les glaciers ; ceux-ci ont provoqué une érosion importante ayant conduit à la formation d'un plateau assez accidenté. Après le retrait des glaciers, des alluvions ont été abandonnées entre les reliefs calcaires. Le secteur marécageux de l'Ecliau correspond à ce qui fut autrefois une dépression occupée par des plans d'eau peu profonds. Ces derniers se sont progressivement comblés, amorçant ainsi le processus de formation des tourbières. Dans le massif du Jura, en altitude, les facteurs climatiques sont en effet propices à leur installation. A partir de cuvettes remplies d’eau, les tourbières se forment et évoluent lentement depuis environ 12 000 ans : colonisation de l’eau libre (tremblants) puis atterrissement (bas-marais alcalin). Le développement d’un réseau karstique induit la création d’îlots soustraits à l’influence des eaux carbonatées. Une transition s’opère vers un bas-marais acide, puis vers une tourbière bombée (haut-marais acide). Enfin, l’assèchement et l’installation des ligneux marquent le stade ultime. Actuellement, la zone de l’Ecliau est majoritairement occupée par un bas-marais dont l'extension est limitée au sud-est par les premiers reliefs de l'anticlinal de la Haute Joux. La présence de surfaces d’eau libre (deux mares au sein du marais et deux petits étangs en périphérie) contribue à la diversification des habitats. Les conditions écologiques particulières du bas-marais entraînent la sélection d’une flore adaptée aux sols engorgés, qui comprend notamment le rossolis à feuilles rondes et la pédiculaire des bois. Ces plantes protégées respectivement en France et dans la région sont inféodées aux secteurs tourbeux acides.
Sur le coteau, des pelouses sèches sont développées sur sol superficiel ; les affleurements et les pavements rocheux y sont nombreux. Elles assurent la transition avec une hêtraie d'altitude dont la structure et la richesse en bois mûrs sont remarquables.
La faune associée est exceptionnelle pour la Franche-Comté, grâce à /en lien avec cette grande diversité d'habitats répartie sur un espace restreint. Les amphibiens y sont particulièrement abondants et diversifiés. Toutes les espèces présentes en zone de montagne sont en effet recensées (11 parmi les 16 dénombrées dans le Doubs, dont 9 sont protégées en France). Parmi celles-ci figurent quatre espèces de tritons, ainsi que des crapauds accoucheur et calamite. Plusieurs facteurs ont contribué à ce haut niveau de peuplement : plans d’eau de surface assez importante, de profondeur à la fois variée et suffisante, flore aquatique bien développée, absence de poissons et de prédateurs, complémentarité des milieux, zone non drainée. L’avifaune est également très intéressante. Ce site accueille en hivernage des espèces devenant très rares comme la pie-grièche grise ou discrètes comme la bécassine sourde.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l’espace n’a été mise en place. En revanche, la présence d’espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 20/01/82, 22/06/92, 19/11/07 et 29/10/09).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Le maintien des conditions d’humidité et de la fonctionnalité hydrologique est indispensable à la préservation de ce milieu particulier. Aussi est-il impératif d’éviter toute opération de drainage ou d'assainissement dans ce secteur. Afin de conserver la diversité de structure des parties marécageuses et prairiales et de ne pas provoquer d'eutrophisation des milieux aquatiques, le maintien du pâturage extensif bovin actuel est indispensable ; il convient en particulier de proscrire tout apport de fertilisants. En complément, un défrichement sélectif et localisé peut être utile. Enfin, la gestion forestière sera conduite en prenant soin de conserver une bonne proportion de bois mûrs.
