ZNIEFF 430020037
TOURBIERE DU FEING DE MOUGEOT

(n° régional : 50152006)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

La partie occidentale des plateaux gréseux et de la moyenne montagne vosgienne, aux confins de la Franche-Comté, se caractérise par de grandes surfaces boisées entrecoupées de prairies, au sein desquelles sont disséminés étangs et tourbières. Un tout petit site tourbeux est implanté au lieu-dit Faing Mougeot, au sud de la Chapelle de Beauregard, en bordure de la route départementale RD 136. La zone, utilisée comme prairie de fauche, présente de nombreuses gouilles et dépressions. La proximité de la chaussée a imposé la pose d'une buse qui canalise les écoulements d'eau.

L'altitude, le climat froid et très humide, le substratum géologique cristallin associé aux placages glaciaires plutôt imperméables, la nature acide des eaux de ruissellement et des précipitations ainsi que le relief peu accidenté sont autant de conditions favorables à la formation de tourbières dans ce secteur. Diverses situations se présentent selon le type d'alimentation hydrique : ruissellement le long d'une pente douce, radeau flottant à la surface d'un étang ou encore accumulation et stagnation d'eau dans un point bas topographique, comme c'est le cas de cette tourbière de Faing Mougeot. Si l'alimentation en eau intervient latéralement dans la genèse, les précipitations peuvent s'y ajouter ou s'y substituer totalement ensuite. Sur ce site, des associations de bas-marais acide et de tourbière bombée active (haut-marais) cohabitent étroitement avec des communautés à rhynchospore blanc occupant les gouilles. Ces milieux hébergent des plantes typiques, inféodées à ces conditions particulières, parmi lesquelles trois espèces bénéficient d'une protection au plan national : la scheuchzérie des marais et les rossolis à feuilles rondes et à feuilles intermédiaires. Cette dernière n'est connue en Franche-Comté que dans ce secteur prévosgien.

A ces habitats imbriqués est associée une faune caractéristique. Malgré sa superficie réduite, ce site se révèle d'un très grand intérêt : il héberge le nacré de la canneberge, papillon relicte glaciaire protégé au plan national. Cette zone est en effet propice à cette espèce et au maintien de sa plante-hôte, strictement inféodée aux tourbières à sphaignes. Le fadet de la mélique est également relevé : ce papillon sensible est menacé par la modification de ses habitats. Parmi les libellules, le sympétrum noir est bien représenté sur les systèmes tourbeux du secteur, mais est nettement plus localisé à des altitudes inférieures.

 

STATUT DE PROTECTION

Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, la présence de plantes et d'un insecte protégés confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 20/01/82 et 23/04/07).

 

OBJECTIFS DE PRESERVATION

Les tourbières de Haute-Saône s'étendent sur moins de 250 hectares pour une centaine de sites. Ces réservoirs de biodiversité assurent également des fonctions de régulation hydrique (" rôle d'éponge ") et d'épuration des eaux. Compte tenu de sa valeur et de la rareté des habitats représentés, la sauvegarde de cette zone est prioritaire.

Les menaces sérieuses pesant sur ce site sont liées à sa faible superficie et à son implantation en bordure de la route départementale. La présence de fossés le long de cet axe routier peut ici jouer le rôle de drains en cas de surcreusement, et modifier ainsi le fonctionnement hydrologique de la tourbière en abaissant le niveau de la nappe, ce qui semble se ressentir de façon sensible. Le maintien des espèces patrimoniales peut s'en trouver rapidement compromis. Par contre, les opérations de déboisement complet effectuées sur les pourtours de la zone induisent l'effet inverse sur le niveau de la nappe et s'avèrent par conséquent favorables. A signaler la présence de cultures à proximité ; l'enrichissement en éléments nutritifs et les apports de pesticides pourraient provoquer un déséquilibre trophique et une pollution du milieu, néfastes à la faune et à la flore.

 

Commentaires sur la délimitation
Aucune information disponible