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DESCRIPTION
Le secteur de Beulotte-Saint-Laurent appartient à la région naturelle des plateaux et moyenne montagne vosgienne dite " plateau des Mille Etangs ". Dans un relief assez peu marqué, la zone humide des Fouillies Lombard s'étend à hauteur du lieu-dit " la Goutte Simonin ". Ce petit secteur tourbeux est inclus au sein d'un vaste massif boisé.
L'altitude, le climat froid et très humide, le substratum géologique cristallin (granite et grès) associé aux placages glaciaires qui augmentent l'imperméabilité et créent des verrous, la nature acide des eaux de ruissellement et des précipitations ainsi que le relief peu accidenté de la moyenne montagne vosgienne sont en effet autant de conditions favorables à la formation de tourbières. Diverses situations se présentent selon le type d'alimentation hydrique : ruissellement le long d'une pente douce, radeau flottant à la surface d'un étang ou encore accumulation et stagnation d'eau dans un point bas topographique, comme c'est le cas aux Fouillies Lombard. Si l'alimentation en eau intervient latéralement dans la genèse, les apports météoriques (précipitations) peuvent s'y ajouter ou s'y substituer totalement ensuite. Souvent, différents stades d'évolution cohabitent étroitement, comme sur ce site où des groupements de tourbière bombée active et de bas-marais acide alternent en mosaïque avec des communautés à rhynchospore blanc occupant les gouilles et les dépressions plus humides. Au premier abord, la végétation semble être dominée par la molinie bleue et la callune. Mais ces milieux caractérisés par la présence de sphaignes abritent également tout un cortège associé, riche en plantes rares inféodées à cet environnement original et contraignant, telles que le rossolis à feuilles rondes, la laîche des bourbiers et la scheuchzérie des marais. Compte tenu des menaces pesant sur leurs biotopes, ces trois espèces bénéficient d'un statut de protection au plan national.
A ces habitats remarquables imbriqués est associée une faune typique, notamment sur le plan entomologique. Toutefois, la situation de cette zone en contexte intra-forestier, sa superficie réduite et la faible représentation des habitats aquatiques (gouilles) ne sont pas propices à une grande diversité. Ainsi, seul le sympétrum noir se démarque au sein d'un cortège de libellules réduit. Bien que cette espèce ne soit pas menacée dans la région, son statut de conservation a été désigné comme prioritaire en raison des risques pesant sur ses biotopes préférentiels, à savoir les tourbières, marais et étangs tourbeux acides.
STATUT DE PROTECTION
La zone est incluse dans le site Natura 2000 " Plateau des Mille Etangs ". En outre, la présence d'espèces végétales protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêté ministériel du 20/01/82).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Les tourbières de Haute-Saône s'étendent sur moins de 250 hectares pour une centaine de sites. Ces réservoirs de biodiversité assurent également des fonctions de régulation hydrique (" rôle d'éponge ") et d'épuration des eaux. Compte tenu de sa valeur et de la rareté des habitats représentés, la sauvegarde de cette zone est prioritaire. Sa préservation implique le maintien de la fonctionnalité hydrologique et des conditions oligotrophes. La situation de la tourbière des Fouillies Lombard au sein d'un massif boisé la préserve d'atteintes liées à des opérations de drainage et d'assainissement, à proscrire impérativement.
Cependant, l'évolution naturelle de ces milieux conduit progressivement à un comblement des habitats aquatiques et à une colonisation par les ligneux. Sur ce site, il convient ainsi de surveiller l'état d'enfrichement du milieu et de veiller au maintien en eau des gouilles, afin de favoriser le maintien de la flore patrimoniale et une richesse entomologique accrue.
Prospection 2018 :
La surface de la tourbière est à peu près stable. Le rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia) est bien présent dans la tourbière, de même que la laîche des bourbiers (Carex limosa).
La canneberge (Vaccinium oxycoccos) est bien représentée dans la tourbière. Les gouilles abritent la petite utriculaire (Utricularia minor).
Le rhynchospore blanc (Rhynchospora alba) et des dactylorhize de mai et incarnat (Dactylorhiza majalis, D. incarnata) sont aussi présents.
Les sécheresses consécutives de ces dernières années favorisent certainement les espèces bien adaptées, comme la molinie, au détriment des habitats de haut-marais.
