DESCRIPTION
Aux confins de la Haute-Marne et de la Bourgogne, les plateaux calcaires occidentaux de la Haute-Saône sont soumis aux influences des régions limitrophes sur le plan biogéographique. Dans ce secteur au relief doux, l'activité agricole reste importante. Les paysages ouverts sont dominés par des cultures et prairies intensives entrecoupées de quelques boisements. Au nord de Renaucourt, la zone de la Longue Fin correspond à un vallon sec parcouru par un cours d'eau intermittent. Outre la vallée (orientée selon un axe nord-sud), le site englobe un coteau d'exposition sud/sud-est qui surplombe le lit de la Gourgeonne.
Les limites sont marquées à l'ouest par le rebord du plateau (la partie haute du versant étant occupée par des boisements de feuillus de type chênaie-charmaie) et au nord par des cultures céréalières. Le coteau à l'est de la zone présente des habitats ouverts (pelouse calcicole et prairie mésophile) dont l'intérêt écologique est remarquable. Cette pelouse (y compris le talus bordant la route) héberge en effet de nombreuses espèces patrimoniales. Ce type de formation herbacée assez basse s'installe à la faveur de sols superficiels, à forte perméabilité, aux réserves en eau réduites, dans des sites bien ensoleillés. Les conditions contraignantes sélectionnent un cortège floristique typique, qui comprend des espèces inféodées à des milieux, en raréfaction avec la régression de ces habitats. On recense notamment la gentiane croisette, plante calcicole des pelouses et lisières forestières sèches. Bien répandue en altitude en Franche-Comté, elle se raréfie dans les secteurs de plaine. Quelques stations subsistent toutefois dans cette partie de la Haute-Saône.
Outre son intérêt propre, cette espèce se trouve être la plante-hôte exclusive des chenilles de l'azuré de la croisette. La vallée de la Longue Fin constitue l'une des rares stations en Haute-Saône de ce papillon protégé et hautement prioritaire au plan régional, ce qui confère à ce site un intérêt écologique exceptionnel. Cette espèce très localisée est menacée surtout en plaine. Au sein du cortège de papillons de jour diversifié comprenant 27 espèces, il faut souligner également la présence de l'hespérie de la mauve, typique des pelouses et prairies sèches à végétation assez rase. Une carrière souterraine est utilisée par deux espèces de chauves-souris (le petit et le grand rhinolophe) pour l'hivernage. Les milieux alentours sont exploités comme territoires de chasse. Enfin, le vallon abrite divers oiseaux peu communs comme le torcol fourmilier, l'hypolaïs ictérine et la pie-grièche écorcheur.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, la présence d'espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 29/09/09 et 23/04/07).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Les pelouses sèches sont des habitats relictuels en déclin à l'échelle de la France. Une répartition en mosaïque d'habitats à différents stades d'évolution dynamique est la plus favorable à une biodiversité élevée.
La conservation de la population d'azuré de la croisette, impliquant par conséquent celle de la station de sa plante-hôte, doit être l'objectif prioritaire sur ce site. Compte tenu du statut foncier communal d'une partie de la zone (où la majorité des pieds de gentiane croisette est répertoriée), la mise en œuvre de mesures de gestion conservatoire appropriées semble réalisable à court terme ; le maintien d'une agriculture extensive avec un fauchage tous les 2-3 ans serait nécessaire.
De plus, un suivi scientifique sur la durée est essentiel pour connaître l'importance et l'évolution des effectifs de la population d'azuré de la croisette et des possibilités de connexion et d'échanges avec d'autres sites favorables. Le maintien d'un réseau est indispensable à la conservation à grande échelle de ce papillon dans la partie occidentale de la Haute-Saône.