DESCRIPTION
Au nord-ouest de la Haute-Saône, le contexte paysager aux environs de Gourgeon est constitué en majeure partie de prairies pâturées et de cultures intensives, intercalées entre des forêts de feuillus.
Dans cet environnement, le coteau des Charmes se démarque nettement. En effet, cette côte calcaire du Jurassique moyen (Bathonien et Callovien), bien exposée, est essentiellement occupée par une pelouse mésophile (assez sèche). Installée sur des terrains en pente et sur des sols superficiels localement très pierreux, à faible réserve en eau et où la sécheresse estivale est accentuée, cette pelouse reste assez typique. Dans toute la partie sud, notamment, sur le coteau exposé à l’ouest, le milieu reste largement ouvert et les ligneux sont peu recouvrants. Toutefois, le brachypode penné, graminée sociale à tendance envahissante, y est largement dominant et la végétation herbacée est haute et dense. Au nord, un petit vallon est occupé par des boisements plus frais de type chênaie-charmaie. Le coteau d’exposition sud-ouest qui se prolonge au-delà est également occupé par des groupements de pelouses sèches. Par contre, l’enfrichement y est nettement plus avancé. En effet, en l’absence d’entretien, l’évolution naturelle des pelouses tend vers une colonisation par les ligneux, ce qui se traduit par la présence d’ourlets, de fourrés (de prunelliers, notamment) et de stades préforestiers.
Les conditions écologiques particulières sélectionnent un cortège floristique original, incluant plusieurs éléments d’affinité méditerranéenne. Sur ce site, la flore est particulièrement bien typée et compte diverses espèces patrimoniales dont trois bénéficient d’un statut de protection dans la région.
A ces habitats est associée une faune intéressante (insectes, reptiles et oiseaux notamment). En particulier, l’alouette lulu niche sur ce site. Ce passereau en régression affectionne les structures paysagères semi-ouvertes buissonnantes. Cette pelouse offre également de fortes potentialités pour les insectes ; par exemple, la présence de la mante religieuse est à souligner. Il est probable que d’autres espèces remarquables puissent être recensées lors de futures prospections plus approfondies.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l’espace n’a été mise en place. En revanche, la présence d’espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 22/06/92 et 29/10/09).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
D’une manière générale, ces milieux semi-naturels subissent une régression alarmante et deviennent relictuels. Le plus souvent, les menaces sont liées à la déprise agricole et à l’abandon ; l’enfrichement progressif qui en résulte conduit à la disparition des espèces typiques des pelouses et à leur remplacement par une flore plus banale. Le pâturage ovin occasionnel dont semble faire l’objet la partie sud des Charmes ne suffit pas à contrer la dynamique naturelle de densification du couvert herbacé : la formation d’une litière épaisse qui s’ensuit est préjudiciable au maintien des espèces patrimoniales. Il serait donc urgent de restaurer des pratiques agro-pastorales plus régulières (fauche et/ou pâturage extensif, en évitant toute fertilisation). Dans la partie nord du site, des travaux de débroussaillage sélectif seraient nécessaires au préalable.
D’autres types de menaces plus localisées sont à signaler. Une ancienne carrière est actuellement utilisée comme décharge sauvage ; en outre, des dispositifs d'agrainage du gibier favorisent le rassemblement de sangliers, ce qui pourrait conduire à une destruction du couvert végétal. Ainsi, la conservation de cet espace tout à fait original, mais dont la typicité et la richesse biologique risquent de s’éroder au fil du temps, passe par des actions qui viseraient à la fois à lutter contre l'envahissement par les ligneux et à stopper les activités nuisant à l’intégrité des pelouses.