Description
La vaste plaine alluviale de la Saône représente un territoire bien particulier en raison de son inondabilité. Au droit du village d’Autet, la zone comprise entre le lit mineur et un ancien bras (« la Vieille Saône ») se révèle particulièrement riche et diversifiée. Une portion des Prés Martelots, sur la rive opposée, est également incluse. Par contre, une vaste peupleraie est exclue du périmètre.
La Vieille Saône n’est plus connectée qu’à l’aval et la dynamique d’atterrissement est assez avancée : le tronçon médian est complètement envahi par la végétation alors que les parties amont et aval bénéficient encore d’une circulation d’eau permanente. On soulignera la longueur de cette annexe alluviale (environ cinq kilomètres), exceptionnelle dans le département.
Cette zone est constituée de milieux humides en mosaïque, de prairies et boisements. Parmi les habitats les plus remarquables, il faut signaler divers groupements aquatiques dans les annexes, une prairie fauchée à colchique sur sol sableux, des mégaphorbiaies (formations humides de hautes herbes à reine-des-prés et cirse des maraîchers), une cariçaie à laîche faux-souchet (rare dans la région) et une vaste roselière. Un secteur relictuel du bois de la Vaivre est occupé par une ormaie-frênaie, type de forêt inondable des grands fleuves d’intérêt patrimonial majeur.
Au total, ce site recèle neuf plantes remarquables, dont cinq protégées en Franche-Comté : la laîche faux-souchet, le stratiotès faux-aloès, la stellaire des marais, le butome en ombelle et la lentille d’eau à trois lobes prospèrent dans la Vieille Saône ou à ses abords. La ludwigie des marais et le faux-nénuphar se rencontrent dans une mare des Prés Martelots, alors que la laîche maigre et l’orme lisse sont de bonnes caractéristiques des forêts alluviales.
Cet espace se distingue également par son intérêt faunistique. La rousserolle turdoïde (avec 10 % des effectifs régionaux) et le râle d’eau sont inféodés à la roselière inondée. Le cortège de libellules, diversifié, comprend notamment l’agrion de Mercure, protégé en France, l’agrion nain et l’orthétrum brun. Les amphibiens trouvent également des biotopes favorables. Sur le plan piscicole, la Vieille Saône assure des fonctions de nurserie, de refuge et de frayère à brochet. Des espèces intéressantes comme la bouvière et la lote de rivière ont été recensées.
Statut de protection
La zone est incluse dans le site Natura 2000 « Vallée de la Saône ». En outre, elle héberge des espèces inscrites dans les arrêtés ministériels des 8/12/88, 22/06/92, 23/04/07, 19/11/07 et 29/10/09, ce qui confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent.
Objectifs de préservation
Ce vaste ensemble de zones humides joue le rôle d’un espace tampon dans la plaine alluviale, assurant des fonctions d’amélioration de la qualité de l’eau, de régulation du débit et de limitation de l’érosion.
La gestion traditionnelle a contribué à créer une mosaïque d’habitats semi-naturels riches et diversifiés. La dynamique en l’absence d’intervention conduit à un vieillissement du milieu (atterrissement et enfrichement). La préservation durable de cette zone est liée au bon fonctionnement hydrologique et à l’intégrité des habitats. Les objectifs de gestion s’inscrivent dans la suite de premiers travaux (à visée piscicole). Ils sont pris en compte dans un plan de gestion et s’intègrent dans le cadre plus général du Contrat de Vallée Inondable, dont une nouvelle phase est en cours d’élaboration :
- contrôle de la dynamique spontanée ;
- préservation de la ressource en eau, notamment en favorisant les pratiques agricoles extensives et la reconversion progressive des peupleraies ;
-gestion piscicole en faveur d’espèces patrimoniales ;
-gestion forestière visant à préserver la diversité des essences, la stratification et la conservation de vieux bois.
La fréquentation de la plage d’Autet, bien qu’assez importante, est bien canalisée et influence peu l’évolution du milieu.