ZNIEFF 430020101
LE SALON ET LA PLAINE DE QUITTEUR

(n° régional : 39182021)

Commentaires généraux

Description

 

La vaste plaine alluviale de la Saône représente un territoire bien particulier en raison de son inondabilité. En Haute-Saône, où la dynamique fluviale reste active, la Saône présente un profil caractéristique des rivières de plaine, avec de nombreux méandres serpentant dans un lit majeur étendu. Les crues successives ont façonné le paysage au fil du temps et imposé l’occupation des sols. Les prairies inondables, constituant des complexes fonctionnels bien typiques, sont ainsi associées à diverses annexes alluviales et bras morts.

 

A l’intérieur d’une boucle de la Saône, en rive gauche, la plaine de Quitteur est dominée par des prairies essentiellement pâturées. Celles-ci sont entrecoupées de quelques haies résiduelles et de systèmes aquatiques diversifiés. La délimitation de la zone exclut la majorité des terrains les plus morcelés par des cultures.

En amont, le Salon est un affluent de la Saône rive droite. Les milieux rencontrés sont semblables à la plaine de Quitteur, si ce n'est les niveaux bas de Cariçaies.

 

Dans la continuité du couloir rhodanien, le val de Saône constitue un axe migratoire pour l’avifaune. La plaine de Quitteur est historiquement reconnue pour son intérêt ornithologique majeur. En période de nidification, cette vaste zone est favorable à l’accueil de nombre d’espèces remarquables : phragmite des joncs, rousserole turdoïde, tarier des prés, courlis cendré, vanneau huppé, bécassine des marais et surtout râle des genêts et marouette ponctuée. Toutefois, ces deux dernières espèces, figurant parmi les plus menacées en Europe, n’ont pas été contactées récemment.

 

La composition floristique des prairies reflète la position topographique (degré d’inondabilité) et le mode d’exploitation, les formes fauchées étant les plus riches. La formation à œnanthe fistuleuse et stellaire des marais (plante protégée en Franche-Comté), qui occupe des secteurs longuement inondables, est remplacée localement par une cariçaie (formation de laîches). Elle cède la place à une prairie de fauche à fromental aux niveaux topographiques les plus élevés.

 

Le site comprend également une mare et une dépression longuement inondable à hottonie des marais, plante protégée dans la région. Récemment, deux espèces de Gratiole ont été découvertes à proximité de ce premier site. Toutes deux sont protégées au niveau national et en danger à l'échelle de la région. Un bras déconnecté de la Saône et des fossés constituent une frayère à brochet, mais celle-ci reste peu fonctionnelle. Le cortège d’insectes comprend le cuivré des marais, papillon protégé en France, et l’orthétrum bleuissant, libellule inféodée aux habitats aquatiques peu profonds et peu végétalisés. Le peuplement d'amphibiens, composé de huit espèces (dont le triton crêté et le crapaud calamite) se révèle d’un intérêt majeur. Enfin, plusieurs chauves-souris vulnérables se reproduisent et viennent chasser dans ces prairies.

 

Statut de protection

 

La zone est incluse dans le site Natura 2000 « Vallée de la Saône ». En outre, elle héberge des espèces inscrites dans les arrêtés ministériels des 20/02/82, 8/12/88, 22/06/92, 23/04/07, 19/11/07 et 29/10/09, ce qui confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent.

 

Objectifs de préservation

 

Ce vaste ensemble de zones humides joue le rôle d’un espace tampon dans la plaine alluviale, assurant des fonctions d’amélioration de la qualité de l’eau (filtration physique des matières en suspension et auto-épuration des eaux de surface), de régulation du débit (champ d’expansion des crues et soutien en période d’étiage) et de limitation de l’érosion.

 

La gestion traditionnelle (fauche et pâturage extensif) a contribué à créer une mosaïque d’habitats semi-naturels riches et diversifiés. La préservation durable de cette zone est liée au bon fonctionnement hydrologique et à l’intégrité des milieux, objectifs s’intégrant dans le cadre plus général du Contrat de Vallée Inondable, dont une nouvelle phase est en cours d’élaboration. Il convient donc de conserver :

- la fonctionnalité des systèmes latéraux (pas de drainage ni de remblaiement) ;

- les prairies inondables (trop souvent converties en cultures ou peupleraies) et la végétation riveraine ;

- les pratiques agricoles extensives (limitation des intrants, retard de fauche).

Commentaires sur la délimitation
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