Description
Les bois de Malfaignet, Mange et Luet s’étirent en rive gauche de la Saône, dans un contexte majoritairement ouvert, où les champs cultivés alternent avec des prairies de fauche et quelques bois. La délimitation se base sur le caractère inondable de ces boisements.
La confluence Saône-Ognon forme une vaste plaine d’inondation au sein de laquelle se concentrent les forêts alluviales des grands fleuves les plus étendues de Franche-Comté et de Bourgogne. Plus en amont, ce type de forêt ne subsiste plus que sous forme de quelques lambeaux ; si ceux-ci sont beaucoup moins riches sur le plan de la diversité que les grandes forêts fluviales, leur intérêt patrimonial reste néanmoins élevé. Les bois de Malfaignet, Mange et Luet constituent une forêt de type chênaie pédonculée-ormaie-frênaie, installée sur des alluvions récentes régulièrement inondables du lit majeur. Dans les faciès typiques et étendus, le régime hydrique particulier (nappe circulante perchée en hiver et plus basse en été) et les apports de nutriments par les crues concourent à une grande productivité, une stratification très structurée et une remarquable diversité des essences, comprenant notamment l’orme lisse et le frêne à feuilles étroites. Suite aux pratiques anciennes de déforestation et aux plantations (de peupliers notamment), ces formations sont devenues beaucoup plus rares que les autres types de forêts riveraines à l’échelle de la France et de l’Europe, ce qui leur confère une grande valeur patrimoniale. De plus, l’euphorbe des marais (rare et protégée dans la région) et la laîche maigre, typique de ces milieux, sont recensées sur la zone.
Ces forêts constituent un habitat privilégié pour l’avifaune. En particulier, le milan noir et le pic noir y nichent régulièrement.
Ce boisement inondable est ponctué d’un ensemble de mares intraforestières, temporaires ou non, associées à un réseau de fossés. Ces habitats sont favorables au maintien d’un peuplement d’amphibiens riche et diversifié. Celui-ci se révèle d’un intérêt majeur, tant par la diversité des espèces que par la rareté de certaines d’entre elles : le sonneur à ventre jaune, crapaud vulnérable d’intérêt européen, peut se satisfaire de milieux temporaires pour sa reproduction, alors que le crapaud calamite est inféodé aux systèmes pionniers peu végétalisés, régulièrement rajeunis par les processus résultant du dynamisme alluvial. Enfin, la présence de la rainette verte est particulièrement remarquable : cette petite grenouille arboricole est en nette régression sur le territoire franc-comtois.
La Saône est aussi favorable à la reproduction de Brochet.
Statut de protection
La zone est incluse dans le site Natura 2000 « Vallée de la Saône ». En outre, elle héberge des espèces inscrites dans les arrêtés ministériels des 8/12/88, 22/06/92, 19/11/07 et 29/10/09, ce qui confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent.
Objectifs de préservation
Ce vaste ensemble de zones humides, composante de la mosaïque des milieux alluviaux, joue le rôle d’un espace tampon dans la plaine alluviale, assurant des fonctions d’amélioration de la qualité de l’eau (filtration physique des matières en suspension, auto-épuration des eaux de surface, « puits » d’azote et de carbone), de fixation des berges et de limitation de l’érosion, et également de régulation du débit (champ d’expansion des crues et soutien en période d’étiage).
La préservation durable de cette zone est liée au bon fonctionnement hydrologique et à l’intégrité des milieux, objectifs s’intégrant dans le cadre plus général du Contrat de Vallée Inondable, dont une nouvelle phase est en cours d’élaboration. Il convient donc de conserver :
- la diversité des ligneux lors de l’exploitation forestière en proscrivant toute nouvelle plantation de peupliers qui en altérerait la typicité ;
- les essences rares ;
- la fonctionnalité des systèmes latéraux (pas de drainage ni de remblaiement), les prairies inondables extensives et la végétation riveraine ;
- les populations de batraciens.