ZNIEFF 430020109
PELOUSE DE LA CHARMOTTE

(n° régional : 00000157)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

A Cult, à l'extrême sud des plateaux centraux de Haute-Saône, non loin de la vallée de l'Ognon, la pelouse de la Charmotte est implantée sur un substrat géologique calcaire et marno-calcaire du Jurassique moyen à supérieur. Cet habitat apparaît très relictuel dans un contexte largement dominé par des prairies et des cultures intensives. Cette zone de superficie modeste présente divers faciès d'enfrichement, ce qui témoigne d'une dynamique active de recolonisation forestière.

Les pelouses sont un type de formation herbacée assez basse qui s'installe à la faveur de sols superficiels, voire squelettiques, à forte perméabilité et aux réserves en eau réduites, dans des sites bénéficiant d'un fort ensoleillement. Diverses catégories ont été mises en évidence en Franche-Comté, les principaux facteurs de différenciation étant liés au sol et au climat. Les groupements végétaux relèvent ici d'une association mésoxérophile à brome dressé et fétuque de Léman, qui se trouve en limite d'aire de répartition, ce qui confère à cette zone un grand intérêt du point de vue biogéographique. Quelques dalles calcaires affleurantes sont colonisées par des formations très spécialisées à orpins. Les faciès à brachypode penné représentent la première étape d'une évolution vers l'embroussaillement, qui se poursuit par l'installation de fruticées et de boisements de type chênaie-charmaie calcicole.

Ces milieux ouverts plus ou moins buissonnants constituent des écosystèmes d'une remarquable diversité. Les conditions contraignantes induisent une grande richesse en espèces rares, strictement inféodées à ces milieux. Le cortège floristique comprend ainsi des espèces d'affinité méditerranéenne et inclut une plante protégée dans la région.

A ces habitats est associée une faune typique. Cependant, vraisemblablement en raison de son enclavement et de sa superficie réduite, cette zone n'offre qu'une richesse modérée en papillons de jour. La présence de l'hespérie de la mauve, strictement inféodée aux habitats de pelouses rases, est toutefois à souligner. Les reptiles apprécient ces milieux disposés en mosaïque.

STATUT DE PROTECTION

Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, la présence d'une plante et d'un reptile protégés confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 22/06/92 et 19/11/07).

ÉTAT DE CONSERVATION GÉNÉRAL DU SITE

Un volume relativement important de matériaux de remblais a été observé au Nord du site, en périphérie immédiate du terrain de ball-trap. Ce remblai engendre une dégradation directe sur la végétation des fourrés et des pelouses/ourlets du Nord du site. Les habitats de pelouses calcicoles sont en mauvais état de conservation.

En l'absence d'exploitation agricole, les fourrés à Prunellier (Prunus spinosa), Aupébine monogyne (Crataegus monogyna) et Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea) seront majoritaires dans une décennie. Comte-tenu de la superficie réduite du site et de son intérêt patrimonial, une restauration de la pelouse pourrait être mise en place par un pâturage ovin.

OBJECTIFS DE PRÉSERVATION

Une décharge communale était implantée sur le site, empiétant sur les habitats typiques et induisant des risques de pollution. Une opération de réhabilitation et de réinsertion du site dans son environnement a été réalisée en 2007 par la Communauté de Communes de la Vallée de l'Ognon. La principale menace subsistante est liée à l'évolution naturelle, qui tend vers une recolonisation par la chênaie-charmaie calcicole. A l'instar de nombreuses formations de pelouses sèches, la fermeture du milieu qui en résulte est défavorable à la conservation des groupements patrimoniaux et au maintien du cortège entomologique. Des opérations de débroussaillage et de déboisement seraient donc à envisager rapidement, tout en respectant les sols fragiles de ces habitats. Par la suite, une gestion par fauche ou pâturage extensif permettrait de maintenir le degré d'ouverture souhaité, à savoir un recouvrement arbustif modéré (pelouses piquetées de buissons) ; cette structure est la plus favorable à une biodiversité élevée. La stratification des lisières est également un paramètre important.

Bien que cette zone soit de superficie modeste, sa conservation est d'autant plus essentielle qu'elle présente un caractère relictuel. Située non loin d'autres habitats similaires, elle participe à ce titre à un réseau favorable à des échanges entre populations. La conservation d'un tel maillage de pelouses sèches à l'échelle du secteur des Monts de Gy revêt une grande importance pour le maintien de la richesse écologique globale.

Commentaires sur la délimitation
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