ZNIEFF 430020112
LE GRAND BUISSON ET CHAMPS RONDS

(n° régional : 44000041)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

En marge de la vallée de l’Ognon, à Bard-lès-Pesmes, la zone du Grand Buisson et des Champs Ronds correspond à une pelouse sèche dont l’intérêt écologique est remarquable dans un contexte largement dominé par les cultures et prairies intensives. Cette formation sur substrat calcaire s’étend sur une belle surface légèrement inclinée au sud. Quelques haies, buissons et bosquets apportent une diversification de structure sur le plan paysager.

Divers facteurs sont favorables à l’expression de groupements de pelouses dans ce secteur : sols superficiels à squelettiques, pauvreté en éléments nutritifs, réserves en eau limitées, ensoleillement important. L’association représentée est de type mésophile (assez sèche) à brome dressé. Ces conditions écologiques plutôt contraignantes entraînent la sélection d’une flore diversifiée, riche en espèces patrimoniales (dont une protégée dans la région) et incluant de nombreux éléments d’affinité méditerranéenne. Le cortège comprend notamment le séseli annuel, pour lequel cette zone constitue l’unique station en Haute-Saône. Cette ombellifère rare se rencontre dans des pelouses calcicoles denses bien exposées.

La structure hétérogène de cette parcelle est favorable à l’installation d’une faune typique et originale. Parmi les oiseaux, il faut mentionner l’alouette lulu ; cette espèce est inféodée à des milieux ouverts à semi-ouverts ponctués de haies et buissons, riches en insectes dont elle se nourrit. Ce passereau se raréfie, en lien avec la régression de ses biotopes préférentiels.

Au vu de l’intérêt et de la typicité du site, il conviendrait d’engager des inventaires faunistiques complémentaires : ces habitats riches en plantes à fleurs hébergent en général des cortèges d’insectes intéressants (papillons de jour, sauterelles et criquets notamment). Ces milieux plus ou moins enfrichés constituent également des zones refuges pour les reptiles lorsque les surfaces sont suffisamment importantes.

STATUT DE PROTECTION

Aucune protection réglementaire de l’espace n’a été mise en place. En revanche, la présence d’espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 29/10/09 et 22/06/92).

OBJECTIFS DE PRESERVATION

D’une manière générale, les pelouses sèches subissent une régression alarmante et deviennent des milieux relictuels. Elles sont soumises à deux types de menaces. D’une part, en l’absence d’entretien, l’évolution de ces milieux semi-naturels tend vers une recolonisation forestière, ce qui se traduit par l’apparition d’ourlets à brachypode penné puis de buissons (prunellier, aubépine…). Dans ce cas, une gestion par fauche tardive ou par pâturage extensif est susceptible de maintenir un recouvrement arbustif modéré (pelouses piquetées de buissons), structure la plus favorable à une biodiversité élevée. Une proportion de 25 % apparaît comme étant la plus intéressante. L’exploitation par fauche, telle qu’elle est pratiquée sur le site, est donc tout à fait favorable et sa poursuite est à encourager. A l’inverse, les secteurs aux sols plus profonds sont soumis au risque d’intensification et à une mise en culture potentielle. Tout enrichissement en éléments nutritifs est à éviter, puisqu’il conduirait à la disparition des espèces typiques des pelouses et à leur remplacement par une flore plus banale. Les objectifs de gestion consistent donc à maintenir des pelouses ouvertes ponctuées de buissons et à préserver les éléments structurants du paysage, tels que les haies.

La conservation de cette zone est d’autant plus essentielle qu’elle présente un caractère relictuel. Située à quelque distance d’autres habitats similaires (Monts de Gy, Avant-Monts jurassiens), elle participe à ce titre à un réseau favorable à des échanges entre populations. La conservation d'un tel maillage de pelouses sèches revêt une grande importance pour le maintien de la richesse écologique globale.

Prospection 2018

 Le site comporte une belle population de spiranthe d’automne (Spiranthes spiralis), évaluée à plus de 100 pieds.Le sésélie annuel (Seseli annuum) est toujours présent sur le site (entre 10 et 100 pieds). Cette station constitue l’une des trois seules stations du département. Le brome seigle (Bromus secalinus) est présent en bordure du site, au niveau des cultures annuelles.
D’autres espèces patrimoniales non déterminantes pour les znieff sont présentes en bordure du site. C’est le cas de la cotonnière à feuilles en spatules (Filago pyramidata) très rare et en danger en FC, et de la gesse hirsute (Lathyrus hirsutus).
La gaudinie fragile (Gaudinia fragilis) et l’orchis bouffon (Anacamptis morio) n’ont pas été revus en 2018 (la végétation a très vite été surpâturée du fait de la sécheresse).
Il convient de maintenir un pâturage extensif sur la zone de pelouse et limiter les risques d'eutrophisation par surpâturage.

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF est délimitée selon la répartition et l'agencement spatial des habitats.