ZNIEFF 430020123
MÉANDRES ET MORTES DES ISLES

(n° régional : 48181006)

Commentaires généraux

Description

 

Après avoir traversé la dépression sous-vosgienne, l’Ognon s’engage entre les plateaux centraux de Haute-Saône et les Avants-Monts du Doubs ; il prend alors une orientation nord-est/sud-ouest, parallèle à celle du Doubs. En aval de Villersexel, la zone des méandres et mortes des Iles correspond à un vaste ensemble qui englobe le lit majeur du cours d’eau. Cet espace, d’un bel attrait paysager, comprend des annexes alluviales (bras secondaires, bras morts), des mares et des prairies humides à mésophiles entrecoupées de roselières, d’arbres et de bosquets.

 

Sur ce tronçon, l’espace de liberté de l’Ognon est bien préservé. Bien diversifié sur le plan morphologique, le cours d’eau montre des faciès d’érosion et de sédimentation active, favorables à la constitution de bancs apparents de graviers. Ce type de rivière exempt d’aménagement est devenu rare en plaine.

 

Divers groupements végétaux aquatiques, flottants ou submergés, sont recensés. Ce secteur correspondant à la zone à barbeau présente de fortes potentialités piscicoles, avec des frayères potentielles pour le brochet (dans les secteurs herbacés longuement inondables), l'ombre et la truite. Le cortège de poissons comprend diverses espèces sensibles à la pollution, en régression suite aux aménagements des cours d’eau : chabot, blageon, ombre, lamproie de Planer.

 

Dans le lit majeur, la végétation prairiale se répartit selon la micro-topographie (gradient d’humidité) : elle est constituée essentiellement de pâturages mésophiles et hygrophiles entrecoupés de formations buissonnantes de saules et d'aulnes. L’intérêt botanique est marqué par la présence d'espèces peu communes, telles que la stellaire des marais, protégée en Franche-Comté, et le pâturin des marais, que l’on trouve plutôt en lisière des boisements humides.

 

A ces habitats est associée une faune caractéristique et riche sur le plan patrimonial. Le cuivré des marais, papillon de jour protégé en France, est un hôte typique de ces prairies humides. Son observation à deux reprises au cours des dernières années tend à démontrer l'existence d'une population pérenne et relativement dynamique.

 

STATUT DE PROTECTION

 

Aucune protection réglementaire de l’espace n’a été mise en place. En revanche, la présence d’espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 8/12/88, 22/06/92 et 23/04/07).

 

ÉTAT DE CONSERVATION GÉNÉRAL DU SITE (2014)

 

Les prairies maigres de fauche sont rares et fragmentaires sur le site; il s'agit d'isolats au sein de formations plus communes. La généralisation du pâturage tend à leur altération. Les végétations de grandes laîches ou Œnanthe aquatique, sont bien représentées compte-tenu de la présence régulière de bras morts.

Une partie de ces habitats évolue avec la dynamique naturelle (parcelles exclues du pâturage au Sud-Ouest), tandis que d'autres sont soumises aux perturbations du piétinement, ce qui permet une diversification des cortèges floristiques. En 2014, le chargement bovin est globalement en adéquation avec le maintien des habitats humides liés aux mares et mortes du site.

 

La saulaie arbustive du site est sous forme semi-naturelle proche des situations primaires. L'aulnaie étudiée à l'extrémité Sud du site est d'installation récente sur mégaphorbiaie. La libre évolution des boisements tributaires du fonctionnement hydrodynamique de l'Ognon est à pérenniser.

 

OBJECTIFS DE PRÉSERVATION

 

Ce vaste ensemble de zones humides joue le rôle d’un espace tampon dans la plaine alluviale, assurant des fonctions d’amélioration de la qualité de l’eau (filtration physique des matières en suspension et auto-épuration des eaux de surface), de régulation du débit (champ d’expansion des crues et soutien en période d’étiage) et de limitation de l’érosion.

 

La gestion traditionnelle (fauche et pâturage extensif) a contribué à créer une mosaïque d’habitats semi-naturels riches et diversifiés. La pérennité de ces habitats, en régression en France, est soumise au maintien des conditions hydrologiques et des activités agricoles actuelles. En effet, l’intensification des pratiques (pâturage intensif, fertilisation, voire même drainage et mise en culture) conduit à une baisse de la diversité floristique et au remplacement des espèces patrimoniales par une flore plus banale. Toute plantation (comme celles situées juste en périphérie de la zone) est à proscrire. Le pâturage extensif pratiqué actuellement est un mode de gestion à encourager.

 

La qualité des eaux est tributaire de celle d’affluents de taille significative. Elle reste plutôt bonne, malgré des apports phosphorés conséquents liés principalement au défaut de traitement des eaux usées domestiques en amont ainsi qu’à des pollutions diffuses d’origine agricole. Le contrat de rivière en cours a pour objet de mener une politique de gestion cohérente à l’échelle du bassin versant.

 

Commentaires sur la délimitation
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