ZNIEFF 430020124
ETANG DE LA MITOUCHE

(n° régional : 35000023)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Dans la majorité des cas, les étangs sont des créations humaines à vocation piscicole, dont l'origine remonte au Moyen-Age (entre le XIIème et le XVème siècle). Dans les régions favorables, ces plans d'eau se concentrent par dizaines, formant un complexe interactif et cohérent avec les milieux environnants : marais, prairies, landes, bois et champs… Dans un environnement dominé par des forêts caducifoliées, prairies et cultures, le secteur de la dépression sous-vosgienne est parsemé de nombreux étangs. A la Vergenne, la zone est imperméabilisée par des marnes et argiles du Trias, recouvertes d'alluvions actuelles plus ou moins colmatées. Un étang se définit comme un plan d'eau de faible profondeur, sans gradient thermique, autorisant le développement de la végétation sur toute la hauteur d'eau. Une typologie s'établit selon la nature de l'eau (acidité, richesse en éléments nutritifs). La végétation d'un étang se compose de plantes aquatiques (flottantes ou immergées) et amphibies (hélophytes). A l'interface entre terre et eau, ces dernières sont disposées en ceintures concentriques selon un gradient d'humidité. L'extérieur est souvent occupé par des ligneux : l'évolution naturelle de ces milieux tend vers l'atterrissement progressif et vers l'installation d'un stade forestier.

 

L'étang de la Mitouche, partiellement enclavé en milieu forestier plutôt humide, est alimenté par un ruisseau. Il présente une belle roselière en rive nord et se prolonge au nord-ouest par un bois marécageux à aulnes et saules. Son intérêt floristique est lié à la présence de la laîche faux-souchet. Cette plante robuste à épis pendants forme des touffes au sein de communautés végétales des bordures ou queues d'étangs subissant une inondation prolongée. Cette espèce protégée à l'échelle régionale est potentiellement sensible à toute modification du milieu. Les étangs présentent le plus souvent une très forte productivité biologique, favorable à la pisciculture ou à la pêche de loisirs et à la chasse. La végétation hétérogène est le support d'une vie animale foisonnante : poissons (empoissonnement à but piscicole), amphibiens, invertébrés (notamment libellules et demoiselles), oiseaux nicheurs, migrateurs ou hivernants (notamment anatidés, limicoles et espèces paludicoles).

Malgré une physionomie très favorable, cet étang n'a pas révélé la présence d'espèce à enjeux patrimoniaux en 2014. Il convient de souligner que la nature des abords complique la détectabilité des odonates (queue d'étang difficile à prospecter sans embarcation).Il est probable qu'un inventaire plus poussé permette de compléter significativement ces résultats.

 

STATUT DE PROTECTION

Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, la présence d'une espèce végétale protégée confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêté du 22/06/92).

 

ÉTAT DE CONSERVATION GÉNÉRAL DU SITE

L'étang et ses habitats associés sont maintenus sauvages dans le tiers Nord. La partie Sud est entretenue en aménagement paysager avec notamment un sentier sur berge ainsi qu'une zone d'accueil du public. Le fonctionnement hydraulique de la zone Nord ne semble pas altéré. Les habitats sont en bon état de conservation hormis l'herbier fragmentaire à Myriophylle en épi. Les habitats sont actuellement soumis à la dynamique naturelle. Aucune trace d'exploitation forestière n'a été relevée. Il est donc nécessaire de pérenniser ce mode de gestion.

 

OBJECTIFS DE PRÉSERVATION

Outre leur fonction d'habitat quasi-exclusif d'un certain nombre d'espèces rares et menacées, les étangs jouent un rôle important dans l'atténuation des pics de crue à l'aval (stockage des eaux de pluie) et de régulation des nutriments (absorption de quantités massives par la végétation en été).

Les enjeux patrimoniaux sont liés à la rentabilité économique qui est généralement élevée : les atteintes concernent l'intensification de la pisciculture, de l'agriculture de proximité, des activités de loisirs (chasse, pêche, fréquentation) ou à l'inverse l'abandon. La préservation de l'intégrité du milieu et le contrôle du fonctionnement hydrologique sont les garants d'une bonne fonctionnalité écologique et par là même d'une bonne productivité. Ces milieux ayant été créés par l'homme, leur devenir est lié à une gestion active.

L'étang de la Mitouche est entretenu pour la pêche. Le maintien d'une pisciculture extensive est favorable. L'assec périodique après la pêche de l'étang permet la minéralisation de la matière organique et le contrôle de l'extension de la végétation herbacée. La pérennité de la population de laîche faux-souchet est liée au maintien des pratiques de gestion actuelles : limitation de l'artificialisation des rives, entretien respectueux des ceintures végétales.

Commentaires sur la délimitation
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