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DESCRIPTION
Au sein du massif jurassien, la Combe d'Ain constitue une région naturelle particulièrement diversifiée. Deux entités majeures peuvent être distinguées. La première est représentée par la vallée de l'Ain, qui traverse, selon une orientation nord-sud, des paysages au relief calcaire tourmenté. L'autre composante correspond à la région des lacs, dont l'origine glaciaire a permis le développement de grandes plaines marécageuses. Des plis accentués aux pentes boisées marquent également ce paysage, auxquels s'ajoutent de hautes falaises et des barres rocheuses.
A Doucier, au débouché de la reculée du lac de Chalain, la zone Aux Plaines occupe une surface restreinte le long de la D39. Elle est constituée d’une pelouse suintante sur moraine et d’un bas-marais alcalin. Ces groupements apparaissent sur un substrat plutôt imperméable déposé par le glacier jurassien au cours de la dernière glaciation (würm). Les pelouses sont des formations herbacées maigres qui se développent à la faveur de conditions particulières : sol généralement superficiel, relative pauvreté en éléments nutritifs, ensoleillement important. En outre, les formes sur substrat imperméable se caractérisent par un fonctionnement particulier, avec alternance de phases d’engorgement et de sécheresse au cours de l’année. Dans des secteurs où les suintements sont permanents, cette pelouse est relayée par des groupements de bas-marais. Ces conditions contraignantes entraînent la sélection d’un cortège floristique spécialisé très intéressant, où des plantes mésophiles côtoient une flore hygrophile très typique (choins ferrugineux et noirâtre, succise des prés, laîche de Host). Ce site, qui revêt un intérêt botanique exceptionnel, compte ainsi quatre taxons protégés en France ou dans la région, dont le choin ferrugineux et la gentiane pneumonanthe, strictement inféodés à ces milieux.
En outre, cette dernière espèce, rare et menacée d’extinction en Franche-Comté, est la plante-hôte exclusive des chenilles de l’azuré des mouillères, papillon de jour protégé en France qui se reproduit sur ce site. Cet insecte aux exigences écologiques strictes est extrêmement menacé. En effet, il entretient aussi un lien très étroit avec une espèce particulière de fourmi au cours de son cycle.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l’espace n’a été mise en place. En revanche, la présence d’espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 20/01/82, 22/06/92 et 23/04/07).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
D'une manière générale, ce type de milieu est potentiellement menacé par diverses pratiques à l’échelle de la Combe d'Ain (comme l'extraction de sable, la plantation de résineux et l'eutrophisation excessive par fertilisation).
Si ce site reste assez préservé et très ouvert actuellement, il se situe toutefois à proximité immédiate d'une base de décollage d'ULM. La fréquentation y est forte en été et il existe un risque d’extension du site. Bien qu’une convention de gestion ait été établie entre le propriétaire et le Conservatoire Régional d’Espaces Naturels, des travaux susceptibles d'avoir un impact négatif sur le fonctionnement hydraulique du secteur ont été réalisés (déterrage de blocs erratiques, creusement de drains, pose d'une canalisation d'eau et de câbles souterrains, débroussaillage). Or, il faut souligner que la préservation des habitats et des espèces associées est étroitement liée au maintien du fonctionnement hydrologique.
Plusieurs mesures de gestion sont à préconiser :
action pastorale ménagée sur la pelouse (fauche tous les 4 ou 5 ans) en évitant toute fertilisation ;
interdiction de tout travail du sol (affouillement, nivellement) et des plantations sur l'ensemble du site ;
maintien d’une faible fréquentation.
Compte tenu des enjeux majeurs identifiés sur ce site, il apparaît que la mise en place d’une protection réglementaire est indispensable.
