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DESCRIPTION
La plaine de la Bresse s'étend entre la bordure externe de l'arc jurassien et le Massif Central. Au cours de l'ère tertiaire, cette partie nord du bassin d'effondrement du Rhône et de la Saône était occupée par un lac au fond duquel des alluvions se sont déposées sur de grandes épaisseurs. Le retrait progressif du lac bressan a laissé place à de vastes marécages.
La Bresse comtoise forme une entité paysagère et culturelle homogène, constituée d'un complexe interactif et cohérent d'étangs, de prairies et de boisements humides sur des sols peu perméables, dans un relief à peine vallonné. L'origine des étangs de Bresse semble remonter au XIIIe siècle. Ces plans d'eau peu profonds, à vocation piscicole le plus souvent, ont été créés par l'homme. La gestion traditionnelle a permis l'installation d'écosystèmes de grande valeur biologique.
En limite sud du complexe d'étangs de la forêt d'Amont-Aval, l'étang au Curé et ses abords s'inscrivent en contrebas immédiat du talus autoroutier de l'A39. Lors de la construction de l'autoroute en 1995, la corne de l'étang a été remblayée, le secteur au nord défriché et une mare compensatoire creusée.
Le pourtour de l'étang est occupé par une saulaie arbustive, alors qu'une aulnaie marécageuse s'étend en queue d'étang et en aval de la digue. Les groupements les plus intéressants se rencontrent sur les berges exondées temporairement en fin d'été : cariçaie à laîche vésiculeuse, herbiers à scirpe épingle et à scirpe à inflorescence ovoïde. Ces formations herbacées basses recèlent des espèces à caractère pionnier, rares et menacées : le souchet de Micheli, la ludwigie des marais (protégés dans la région), la lindernie couchée et la marsilée à quatre feuilles (protégées au plan national). Pour cette dernière, la mare au nord du site constitue la station la plus dynamique.
Composante du réseau des étangs bressans, cette zone revêt également un grand intérêt pour l'avifaune (notamment pour les oiseaux paludicoles), qui trouve dans ces habitats imbriqués des lieux de reproduction et d'étape migratoire. Le pic cendré niche dans les boisements environnants. La zone accueille également des papillons remarquables, tels que le petit mars changeant, hôte des ripisylves et le cuivré des marais, espèce protégée inféodée aux milieux ouverts humides.
STATUT DE PROTECTION
Ce secteur est inclus dans la zone Natura 2 000 " Bresse jurassienne nord ". En outre, la présence de plantes et d'un insecte protégés confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 20/01/82, 22/06/92, 17/04/81 et 6/05/07).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Outre leur fonction d'habitat quasi-exclusif d'un certain nombre d'espèces rares et menacées, les étangs jouent un rôle important dans l'atténuation des pics de crue à l'aval (stockage des eaux de pluie) et de régulation des nutriments (lagunage).
Le site est soumis à l'influence de facteurs défavorables : dynamique de comblement et d'extension de la végétation riveraine, dysfonctionnements dans la gestion des niveaux d'eau, ainsi que la proximité de l'autoroute (générant pollution, rudéralisation et effet barrière pour la faune). L'eutrophisation consécutive à la construction de l'autoroute a conduit à une forte régression des Characées et les autres espèces patrimoniales, oligotrophes, sont très sensibles à la qualité de l'eau. Toutefois, des aspects positifs concernant la fonctionnalité écologique de la zone viennent tempérer ce bilan : son fonctionnement hydrologique est préservé (maintien des fluctuations de la nappe) et elle fait l'objet d'une gestion conservatoire visant notamment au maintien et à l'extension des habitats et des espèces patrimoniales. Il convient donc d'encourager les pratiques de gestion traditionnelles : pisciculture extensive avec baisse du niveau des eaux en fin d'été et assecs périodiques (favorisant la minéralisation de la matière organique et le rajeunissement du milieu).
