DESCRIPTION
Aux confins de la Haute-Marne et de la Bourgogne, les plateaux calcaires occidentaux de la Haute-Saône sont soumis aux influences des régions limitrophes sur le plan biogéographique. Dans ce secteur, l'activité agricole reste importante. Les paysages ouverts sont dominés par des cultures intensives et des prairies entrecoupées de quelques boisements.
A l'extrême ouest des plateaux calcaires de Haute-Saône, au nord de Champlitte, la pelouse de la Combe la Mort (ou des Charmes Rondes) occupe les versants ouest et sud/sud-est d'un promontoire. Les milieux sont bien ouverts sur la partie sommitale alors que le rebord ouest apparaît plus enfriché. Les pelouses, installées à la faveur de sols perméables, superficiels à squelettiques, pauvres en nutriments, et bénéficiant d'un ensoleillement important, sont du type mésoxérophile à brome dressé et fétuque de Léman. Cette association se trouve ici en limite d'aire de répartition. Des affleurements calcaires localisés sont colonisés par des groupements très spécialisés. Un large éventail de formations plus enfrichées témoigne d'une dynamique de recolonisation de la forêt mésophile : faciès de pelouse à brachypode penné, prunelliers sous forme de nappes et de buissons, ourlets, haies et arbres isolés. Les conditions contraignantes sélectionnent un cortège floristique typique, qui comprend des espèces inféodées à des milieux, en raréfaction avec la régression de ces habitats. On observe ainsi des plantes d'affinité méditerranéenne peu communes, comme le trèfle strié (bénéficiant d'une protection au plan régional), mais aussi la globulaire allongée et le séseli des montagnes. Ces espèces strictement xérothermophiles résistent aux conditions extrêmes des pelouses très sèches. Le cytise rampant se retrouve quant à lui dans les ourlets thermophiles.
Les habitats diversifiés de la Combe la Mort présentent une structure intéressante pour les insectes. Avec un cortège de 50 espèces de papillons de jour (soit les 2/3 de la richesse franc-comtoise pour ce type de milieu), ce site fait partie des plus riches de Haute-Saône, ce qui lui confère un intérêt écologique exceptionnel. La présence du damier de la succise (protégé en France et prioritaire au plan européen) rehausse cette valeur biologique. Ce papillon est menacé suite à la régression de ses habitats, surtout en plaine. L'hespérie de la mauve, quant à elle, recherche une végétation rase et clairsemée alors que le grand nègre est inféodé aux lisières riches en hautes herbes.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, la présence d'une plante et d'un insecte protégés confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 22/06/92 et 23/04/07).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Autrefois exploité par pâturage ovin, ce site ne bénéficie plus d'aucune gestion. A l'instar de nombreuses formations de pelouses sèches, l'enfrichement et la fermeture du milieu qui en résulte est défavorable à la conservation de cette zone. Une gestion conservatoire mettant en œuvre un pâturage extensif associé, au besoin, à des opérations de débroussaillage sélectif et léger est donc indispensable au maintien de l'exceptionnelle diversité entomologique de cette zone. Une hétérogénéité de structure de la végétation où dalles, plages de pelouse rases piquetées de buissons alternent avec des zones d'ourlets (à végétation plus haute) et des lisières stratifiées s'avère la plus favorable à une diversité élevée.
Les pelouses sèches sont des habitats relictuels en déclin à l'échelle de la France. Le site de la Combe la Mort participe à un réseau écologique favorable à des échanges entre populations. La conservation d'un tel maillage de pelouses sèches à l'échelle du secteur de Champlitte revêt une grande importance pour le maintien de la richesse écologique globale.