DESCRIPTION
Marquée par des gorges étroites essentiellement forestières sur l'amont, la vallée du Lison s'élargit de manière conséquente à Echay. Au nord, le cirque de Cussey-sur-Lison est un bel ensemble paysager réunissant la plupart des habitats susceptibles d'être rencontrés dans la vallée du Lison.
Le fond du vallon est le domaine des pâtures, représentées par la prairie mésotrophe à brome dressé et crételle et par la prairie à ivraie vivace et crételle. La première conserve une richesse spécifique notable (des espèces oligotrophes sont notées) et une structure hétérogène qui en font un habitat très diversifié au niveau faunistique. En revanche, l'intérêt de la seconde est plus faible puisque sa conduite est plus intensive grâce à la fertilisation. Au nord-est, une partie du coteau abrite un des joyaux de la vallée : la pelouse à plantain serpentant et tétragonolobe à siliques, formation typique des marnes oxfordiennes soumises à de forts contrastes hydriques. En fond de vallon coule la Goulue, ruisseau bien oxygéné, au fond pierreux qui héberge le chabot. Lorsque les pâtures n'empiètent pas sur les rives, se développent de part et d'autre des groupements inondables. En tête de cours d'eau, c'est une frênaie-érablaie alluviale résiduelle puis, plus en aval, une mégaphorbiaie montagnarde, parfois surmontée de saules cendrés. Cette imbrication de milieux alluviaux et prairiaux est favorable aux batraciens comme le triton alpestre.
Les versants de ce cirque sont occupés par plusieurs types de forêt. Les pentes bien ensoleillées abritent des groupements thermocalcicoles tels que la tillaie à érable à feuilles d'obier sur les blocs instables et la hêtraie-chênaie sèche sur les pierriers plus fins. Les situations froides et chaotiques accueillent l'érablaie à scolopendre et la hêtraie à tilleul, et, plus généralement sur les pentes moins fortes, la hêtraie-chênaie neutrophile à acidicline. Enfin, les bas de pente orientés au nord-est conviennent à la chênaie pédonculée neutrophile à primevère élevée, au sous-bois très diversifié. Toutes ces forêts sont d'intérêt communautaire et l'inaccessibilité à la sylviculture des pentes abruptes favorise la conservation d'arbres morts pour les invertébrés, chiroptères et oiseaux cavernicoles et offre des zones de quiétude aux mammifères forestiers.
Le gouffre de la Barne abrite, en hiver, différentes espèces de chauves-souris avec des effectifs restreints (une trentaine d'individus) (indice chiroptèrologique de 16). Autre habitat rocheux, les falaises présentent également un fort intérêt patrimonial en raison de leur nature primaire et de leur fonction de refuge pour de nombreuses espèces adaptées à la rudesse des conditions écologiques de ces milieux. Le faucon pèlerin et le grand corbeau peuvent ainsi y être observés. En arrière des corniches, les sols superficiels hébergent la pelouse xérophile à laîche humble et anthyllide des montagnes avec son cortège d'espèces remarquables. Sur le plateau, la pelouse mésoxérophile à laîche humble et brome dressé mérite également d'être signalée de par son intérêt européen et la grande surface occupée ici.
Quelques bâtiments de Cussey-sur-Lison (combles de l'églises et greniers de deux maisons) abritent des colonies de Petits rhinolophes (80 à 100 individus) qui, durant les mois de juin à septembre, y viennent mettre bas et élever leur unique jeune. Une partie de la ZNIEFF correspond de plus à la zone de chasse de ces femelles, milieux riches en insectes et structurés par des haies, très importantes dans le déplacement de cet espèce de chauve-souris.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, la présence de plusieurs espèces animales et végétales protégées assure indirectement la protection de cette zone puisque est interdit tout acte de destruction à l'encontre de ces espèces et de leur milieu en application des arrêtés 17/04/81, 8/12/88, 22/06/92, 23/04/07 et 19/11/07.
OBJECTIFS DE PRÉSERVATION
Hormis le respect de la tranquillité de l'avifaune rupestre en période de nidification et de la grotte en hiver, la gestion conservatoire de ce site prestigieux se décline de la manière suivante :
- préservation de la qualité des eaux du bassin versant contre tous rejets polluants,
- conduite d'une exploitation respectueuse de la qualité des groupements forestiers,
- maintien de la typicité de la forêt alluviale résiduelle et de la mégaphorbiaie,
- extensification du pâturage dans les prairies du fond de vallon,
- entretien extensif de la pelouse marneuse et surveillance de l'enfrichement,
- maintien d'une faible fréquence de fauche de la pelouse mésoxérophile du plateau
- maintien du linéaire de haies autour du village, notamment celles permettant aux chauve-souris d'accéder aux forêts depuis le village.