DESCRIPTION
Dans la partie septentrionale de la haute chaîne du Jura, non loin de la frontière suisse, les Seignes de Damprichard se situent en contrebas de la D437a, dans un environnement diversifié, remarquable par sa qualité paysagère : forêts, vergers et pâturages s'étendent au pied d'un secteur de falaises et d'éboulis rocheux. Des marnes et calcaires marneux du Jurassique supérieur (Callovien et Oxfordien) imperméabilisent cette zone.
Plusieurs habitats s'étagent selon le gradient d'humidité de part et d'autre d'un talweg, sur des versants assez peu pentus : la partie haute est constituée essentiellement de prairies mésophiles pâturées et d'une pelouse méso-xérocline sur substrat marneux. En contrebas, une mégaphorbiaie eutrophe se développe à la place d'anciens étangs comblés. Une plantation de résineux occupe une partie du versant sud-ouest. Quelques buissons et bosquets d'arbres parsèment la zone.
Cette succession d'habitats juxtaposés, aux caractéristiques hydriques contrastées, présente un grand intérêt sur les plans écologique et floristique. Par endroits, les marnes présentent des zones de décalcification, expliquant la présence d'espèces acidiphiles, ce qui contribue à augmenter la diversité floristique du site : pas moins de 40 espèces végétales sont recensées.
La pelouse marneuse d'affinité montagnarde abrite diverses graminées associées à un cortège floristique particulièrement riche et intéressant comprenant notamment la laîche des montagnes et la gentiane ciliée. Les corolles bleues de cette espèce caractéristique des prés maigres sur calcaire s'épanouissent en début d'automne. Les conditions très contraignantes de ces milieux (alternance de sécheresse et d'humidité) autorisent la présence d'espèces caractéristiques des groupements de bas-marais et de prairies humides oligotrophes telles que la succise des prés et la parnassie des marais. Cette dernière, inféodée aux prairies marécageuses et aux pelouses marneuses, se raréfie suite à leur régression. Les zones de suintement hébergent des groupements relevant du bas-marais acide à laîche noire. Le niveau topographique inférieur montre une végétation exubérante de mégaphorbiaie plutôt acidiphile. Ces formations hygrophiles de hautes herbes, souvent eutrophes, sont caractérisées par la présence de la reine des prés, accompagnée par le scirpe des bois, la valériane dioïque et la renoncule à feuilles d'aconit. Les prairies pâturées relèvent de l'association à gentiane et à crételle, traduisant un niveau d'enrichissement en sels minéraux et des conditions d'humidité intermédiaires. Ces pâtures riches et diversifiées sur le plan floristique constituent l'un des éléments les plus typiques des paysages haut-jurassiens.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, la préservation des zones humides, tant pour leur intérêt patrimonial que fonctionnel, est un objectif prioritaire affirmé par la loi sur l'eau du 03/01/92 et le Schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux approuvé en 1996. En outre, la présence d'une espèce végétale protégée confère indirectement un statut de protection aux milieux naturels et aux rivières en particulier : la législation interdit tout acte de destruction vis-à-vis des espèces et de leur milieu (arrêté du 22/06/92).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
La zone présente un état de conservation satisfaisant. Toutefois, l'enrésinement a un impact négatif : disparition des espèces typiques suite à la fermeture du milieu et perturbation du fonctionnement hydrique (accélération de l'assèchement de la zone). Il convient donc d'éviter toute plantation supplémentaire.
Les apports d'engrais sont déconseillés au sein de la zone et dans les prairies mésophiles environnantes. Dans le cas contraire, il s'ensuivrait un déséquilibre trophique préjudiciable à la flore très spécialisée des milieux oligotrophes, conduisant à une évolution vers des prairies plus eutrophes, dont la végétation est plus banale.
Zone d'extension de la population d'Herminium monorchis.