DESCRIPTION
La Petite-Montagne appartient au Jura plissé, caractérisé par un relief tourmenté correspondant à une succession de crêtes orientées pour la plupart nord-sud, marquées sur les parties sommitales, par des conditions sévères de sol et de réserve en eau.
A la Chanay se situe une zone de pelouse sèche, type de végétation très intéressant en Franche-Comté et installé sur des milieux à degré nutritionnel plutôt faible et sur des sols généralement superficiels. En Franche-Comté, de nombreuses catégories de pelouses ont pu être mises en évidence, les facteurs principaux de différenciation étant liés au climat (températures et pluviométrie) et aux propriétés du sol (disponibilité en eau et en éléments nutritifs pour la croissance des plantes). Parmi elles, les pelouses mésophiles montrent des conditions moyennes dans un gradient humidité - sécheresse. Dans la région, selon le type de sol, sa profondeur, la pente, l'exposition ou l'altitude, plus d'une dizaine de types sont distingués en deux ensembles distincts : les pelouses mésophiles calcicoles et celles à tendance acidiphile. Refuge pour une flore et une faune adaptées aux conditions particulières qui définissent ces milieux, les pelouses sèches peuvent être considérées comme de véritables "points chauds" de biodiversité. La structure en mosaïque de certaines pelouses constitue également une originalité paysagère ; elle permet aussi à de nombreuses espèces animales d'y trouver "gîte et couvert".
La pelouse de la Chanay présente, sur une faible superficie, une bonne diversité de milieux. On y note, en particulier, des pelouses marnicoles en mosaïque avec des affleurements rocheux et des buissons alternant avec des prairies fauchées mésophiles. La présence d'un petit bosquet permet l'installation d'un secteur d'ourlet bien individualisé à peucédan des cerfs. L'intérêt botanique du site est marqué par l'aster amelle, plante strictement protégée en France qui se rencontre essentiellement dans le sud du Jura dans notre région.
Sur le plan faunistique, ce site héberge trois papillons présentant un intérêt patrimonial : l'azuré de la croisette, le damier de la succise et l'hespérie de la mauve. La première espèce est protégée au niveau national et sa priorité de conservation en France est très forte. En matière de stratégie conservatoire, les préconisations définies à l'échelle nationale font état de la nécessité d'assurer une gestion coordonnée incluant l'ensemble des stations d'une région afin de maintenir un réseau cohérent. Régionalement, les populations de cet azuré sont surtout cantonnées aux secteurs du sud du Jura et du bassin du Drugeon (25). La seconde espèce est également protégée en France, mais ses populations se maintiennent relativement bien à l'échelon régional. Enfin, la troisième espèce (non protégée) est considérée comme prioritaire pour la conservation car menacée sur l'ensemble de son aire de répartition française.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place en dehors des dispositions de la loi Littoral qui s'appliquent aux communes limitrophes du lac de Vouglans. Les arrêtés ministériels du 20/01/1982 et du 23/04/07 assurent, en France, la protection de certaines plantes, insectes et de leur biotope. La pelouse de la Chanay en compte trois.
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Les sols qui supportent les pelouses mésophiles permettant une évolution naturelle vers la forêt, leur conservation passe donc par une gestion appropriée : absence d'apports fertilisants et maintien d'un pâturage extensif ou d'une fauche pour contenir la production végétale et conserver l'ouverture des pelouses. La principale menace pesant sur la zone est l'abandon des pratiques agro-pastorales actuelles qui renforcerait l'envahissement par les buissons déjà en cours d'installation sur certaines parties. Une restauration des secteurs très enfrichés peut être envisagée. Enfin, au vu de l'intérêt du site et des menaces qui pèsent sur ce site, la mise en place d'une mesure légale de protection doit être envisagée.