ZNIEFF 430020205
EGLISE DE BAUME-LES-DAMES

(n° régional : 31000017)

Commentaires généraux

Description

 

Sous nos latitudes, la cohabitation entre les chauves-souris et l'homme s'est amorcée depuis quelques centaines de milliers d'années. Durant les périodes glaciaires, cependant, les chauves-souris ont été contraintes de migrer au sud à la recherche de conditions plus clémentes. Ce n'est qu'avec le réchauffement climatique intervenu 6000 ans avant notre ère que leur peuplement est devenu assez semblable à ce qu'il est actuellement. Toutefois, la forêt était alors prédominante et les espèces forestières (Vespertilion de Bechstein, Noctule commune, Barbastelle d'Europe), qui utilisent les cavités des arbres ou les décollements d'écorces, étaient majoritaires. La sédentarisation de l'homme et le développement de l'élevage se sont progressivement traduits par une expansion des paysages semi-ouverts dont le Grand rhinolophe et le Grand murin ont profité. En parallèle, le développement des constructions et l'urbanisation ont favorisé les chauves-souris thermophiles : en été, le Petit rhinolophe, la Pipistrelle commune et la Sérotine commune trouvent sous les charpentes ou derrière les volets des conditions de température propices à l'élevage de leurs jeunes.

 

Du fait de leur cycle de vie, les chauves-souris nécessitent plusieurs types d'habitats au cours de l'année : des gîtes pour l'hibernation, d'autres pour la mise-bas estivale, mais aussi des sites intermédiaires et des terrains de chasse, reliés par des axes de transit. Les changements de gîtes sont généralement constants d'une saison à l'autre et la plupart des espèces montrent une grande fidélité aux gîtes d'hiver et de mise-bas.

 

A Baume-les-Dames, les combles de l'église abritent une colonie de Grand murin en période estivale. Ce site revêt un intérêt départemental. Les effectifs comptent principalement des femelles qui viennent pour mettre bas et élever leur unique jeune. Comptant 10 % de la population nationale de femelles reproductrices, la Franche-Comté assume une forte responsabilité pour la conservation du Grand murin, très menacé en France et en Europe.

 

Les chauves souris vont chasser dans les milieux naturels proches du village. Les terrains de chasse changent régulièrement au cours de l'année en fonction des concentrations en insectes. Au final, les biotopes de transition assurent les meilleures sources de nourriture, particulièrement ceux situés non loin de l'eau : haies riveraines, cours d'eau, zones humides, mais aussi lisières forestières et forêts. Pour le Grand murin, la majorité des terrains de chasse se situe dans un rayon de 10 à 15 kilomètres autour de la colonie. Le glanage d'insectes posés au sol (coléoptères de grande taille, orthoptères) est un comportement caractéristique de cette espèce. De ce fait, elle privilégie des structures paysagères où le sol reste très accessible : futaies feuillues au couvert arbustif ou herbacé rare, vergers pâturés ou prairies naturelles non fertilisées.

 

Statut de protection

 

Ce bâtiment n'est pas protégé réglementairement. Toutefois, l'arrêté ministériel du 23/04/07 assure une protection stricte des chauves-souris et interdit la destruction ou l'altération des sites de reproduction ou des aires de repos.

 

Objectifs de préservation

 

La tranquillité des colonies doit être assurée en période estivale, durant laquelle les individus sont vulnérables (juin à août). De plus, la fermeture des accès des gîtes, les travaux sur les toitures, le traitement des charpentes ou l'éclairage de l'édifice constituent d'autres menaces pour la pérennité des colonies.

 

En outre, la préservation de territoires de chasse riches en insectes est essentielle. La disparition des prairies, l'arasement des haies et ripisylves, l'assèchement des zones humides, l'utilisation de pesticides et d'avermectines sont autant de causes supplémentaires de disparition des colonies de reproduction. En particulier, les traitements vermifuges des bovins à base d'avermectines doivent être strictement encadrés : dans les déjections, l'action létale de ces molécules sur les insectes coprophages se prolonge durant plusieurs semaines.

Commentaires sur la délimitation

Habitat artificiel (combles d'église) d'une colonie de chiroptères prioritaire.