DESCRIPTION
Entre les vallées du Doubs et de l'Ognon, le massif forestier de la Serre se présente comme une originalité géologique : constitué de granite et de grès permiens, c'est le seul grand affleurement du socle cristallin du massif jurassien.
Le ruisseau du bois de Brans, appartenant au bassin versant de l'Ognon, prend sa source au nord-ouest de ce massif et s'écoule sur ce substrat acide. La zone considérée correspond au cours de ce ruisseau de sa source jusqu'à la confluence avec le ruisseau de la Vèze. Dans ce contexte entièrement forestier, les groupements se disposent en mosaïque : les boisements ripicoles (aulnaies-frênaies des sources, aulnaies - frênaie à laîche espacée), habitats dont la conservation est prioritaire au niveau européen, majoritaires le long du lit du ruisseau, sont relayés par des chênaies-charmaies et des chênaies acidiphiles en conditions moins humides. Quelques plantations de résineux ont malheureusement été réalisées, y compris en bordure immédiate du cours d'eau. La Franche-Comté montre une grande richesse en cours d'eau, aussi divers qu'elle offre de situations physiques. A la différence des autres ruisseaux voisins dont les caractéristiques sont identiques, ce ruisseau est marqué par la présence de l'écrevisse à patte blanches. Il est répertorié dans la vingtaine de cours d'eau jurassiens abritant encore cette espèce. Son isolement le rend particulièrement vulnérable.
En tête de bassin, les ruisseaux comme celui du bois de Brans se caractérisent par une pente forte (au moins 6%), des fonds grossiers (plutôt sablo-graveleux) et des eaux dont la qualité devrait être optimale, c'est-à-dire fraîches et oxygénées, pauvres en éléments nutritifs et non polluées. Dans ce cas, ces cours d'eau abritent tout un cortège d'espèces indicatrices, qui y trouvent des zones de frayères, comme la lamproie de Planer, le chabot, la truite fario ou la salamandre. Ils sont riches d'une faune invertébrée variée et très sensible aux pollutions diverses.
Pour ce qui concerne les chiroptères, les forêts périphériques recèlent plusieurs arbres gites et à ce jour 5 colonies de mise bas ont été recencées depuis plusieurs années pour 3 espèces : murin d'Alcathoe, murin de Brandt et murin de Bechstein. Les études conduites par ailleurs montre qu'il s'agit d'un enjeu assez exceptionnel à ce niveau. Ce secteur est prospecté comme territoire de chasse.
A la faveur de petites clairières, la présence de dépressions ou ornières en eau permet la reproduction du crapaud sonneur à ventre jaune pour lequel plusieurs sites de reproduction sont recensés.
A ce jour, aucune investigation n'a été poursuivie pour ce qui concerne les oiseaux.
Côté flore et à la faveur de stations particulières, des espèces rares et menacées sont présentes comme la laîche maigre.
STATUT DE PROTECTION
Ce secteur est inclus dans la zone Natura 2000 "Forêt de la Serre". En outre, la présence de plusieurs espèces d'amphibiens, poissons et invertébrés cités dans les arrêtés ministériels des 22/07/93, 8/12/88 et 21/07/83 assure la protection de cette zone puisque tout acte de destruction à l'encontre de ces espèces et de leur milieu de vie est interdit.
OBJECTIFS DE PRÉSERVATION
Ce ruisseau fait partie de ces écosystèmes remarquables qui se sont considérablement raréfiés de sorte qu'il n'en subsiste qu'une bonne centaine en Franche-Comté. Leur bon état de conservation est lié à la préservation du bassin versant; cependant la nature acide de leurs eaux les rend très vulnérables et l'intégrité de ces systèmes aquatiques est chaque jour menacée. D'une manière générale, ils font l'objet de pollutions chimiques ou organiques diffuses, de travaux anarchiques tantôt dans le lit mineur ou en bordure immédiate, de braconnage et d'alevinages intempestifs (notamment en espèces non indigènes) ou encore d'agressions diverses en lien avec l'exploitation sylvicole et agricole intensive. Le respect des préconisations réglementaires est de nature à garantir la préservation durable de ces cours d'eau. Si le ruisseau du bois de Brans lui-même ne semble pas subir d'altération, il convient toutefois de stopper toute plantation de résineux sur son bassin versant, et tout particulièrement en bordure immédiate du cours d'eau, l'impact étant alors particulièrement préjudiciable au maintien des communautés aquatiques polluo-sensibles.
Fonctionnement et unité du bassin versant.