ZNIEFF 430020217
GROS ETANG DU GRAND BOIS

(n° régional : 35000008)

Commentaires généraux

Description

 

Le Gros Étang du Grand Bois, situé sur la commune d’Ailloncourt en bordure immédiate de la route départementale 64, est localisé en contexte forestier, au sein d’un vaste massif dit « le Grand Bois ». Ce dernier est intégré à la Dépression périvosgienne, non loin du piémont vosgien et dont le substrat imperméable, composé de formations marneuses du Trias recouvertes de dépôts alluvionnaires glaciaires d’âge antéwürmien, offre des conditions idéales au développement de nombreux étangs et parmi eux du Grand Étang.

 

Ce dernier, malgré une altitude assez basse (300 mètres), présente une végétation diversifiée et remarquable, caractérisant une tourbière, quasiment inexistante aujourd’hui en plaine et devenue rare à une altitude plus élevée.

Le plan d’eau, d’une quinzaine d’hectares, laisse entrevoir une végétation flottante abondante. Il est bordé par une succession de groupements végétaux qui marquent les différentes phases dynamiques d’une tourbière. Un bas marais acide, première étape de la formation de cet écosystème tourbeux, laisse ensuite la place à un bas marais tremblant (« tremblant tourbeux ») puis à un marais de transition à laîche à utricules velus. Ces milieux sont ponctués de nombreuses gouilles, ornières remplies d’eau en permanence et où de belles populations d’utriculaires ont tapissé le fond.

Lorsqu'on s'éloigne des berges de l'étang, le phénomène d’atterrissement augmente de façon conséquente. La transition avec les groupements boisés est assurée par des fourrés de saules et de bourdaine. La phase ultime d’évolution de la tourbière est marquée par la présence d’une boulaie pubescente sur tourbe. Hors des contraintes marécageuses et donc de l’influence de l’eau s’établit une forêt caducifoliée plus mésophile (chênaie pédonculée à crin végétal, chênaie-charmaie).

 

L’intérêt de ce site, au plan patrimonial, est également traduit par la présence de plusieurs espèces protégées, rares ou menacées. Les investigations de terrain ont permis de noter la présence de trois espèces bénéficiant d’un statut de protection nationale : la laîche des bourbiers, l’utriculaire jaune pâle (très rare et connue seulement aujourd’hui dans les massifs vosgien et jurassien) et le rossolis à feuilles rondes. L’hydrocotyle commun et le scirpe mucroné sont protégées en Franche-Comté. Deux autres espèces végétales sont considérées comme menacées : la laîche à utricules velus et la canneberge.

 

De nombreuses espèces d’Odonates fréquentent le site, et la présence de l'agrion délicat (Ceriagrion tenellum (Villers, 1789)), considéré comme vulnérable en Franche-Comté, confère au cortège odonatologique un intérêt certain. Les prospections engagées en 2013 ont permis de vérifier la présence de cette espèce, déterminant ZNIEFF. Trois imagos (deux mâles et une femelle) de cet odonate ont été contactés en Juillet 2013 par Frédéric Mora, venant conforter une observation de JC Weidmann datant de 2002. Chez les Rhopalocères, le petit mars changeant (Apatura ilia ([Denis & Schiffermüller], 1775)), déterminant ZNIEFF en cortège, a par ailleurs été observé en Juillet 2013.

 

Statut de protection

 

La présence de plusieurs espèces protégées et citées dans les arrêtés ministériels du 31.08.1995, du 22.06.1992, du 19.11.07 et du 29.11.09 confère directement un statut de protection au milieu. En effet, la législation interdit de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent.

 

Objectifs de préservation

 

Cet étang, utilisé à des fins d’activité halieutique de loisir, présente une ceinture de végétation assez diversifiée ainsi que des eaux de profondeur variable, le tout en assez bon état de conservation. Notons tout de même la présence d’un bryozoaire (Pectinatella magnifica) qui est en train d’envahir le plan d’eau, ce qui risque de poser des problèmes à l’avenir si aucune mesure n’est prise.

Afin d’assurer la pérennité de ces milieux originaux, quelques actions de préservation apparaissent indispensables : conservation des hydrophytes et des hélophytes par le maintien en eau satisfaisant de l’étang et le respect de la dynamique de la nappe, opérations de dégagement afin de maintenir les cordons boisés ou arbustifs en retrait des rives, freinant ainsi la fermeture du milieu.

Cet étang étant utilisé pour la pêche, le réempoissonnement doit être réalisé avec respect de la faune existante en évitant l’introduction d’espèces susceptibles d’engendrer des déséquilibres fonctionnels sur ces plans d’eau oligotrophes.

Commentaires sur la délimitation
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