DESCRIPTION
La partie occidentale des plateaux gréseux et de la moyenne montagne vosgienne, aux confins de la Franche-Comté, se caractérise par de grandes surfaces boisées au sein desquelles sont disséminés étangs et tourbières. Au sud du village d'Effreney, l'étang de Faideaugrave s'insère dans un contexte de forêts de feuillus et de plantations de résineux.
Ces plateaux se caractérisent par un substrat géologique primaire cristallin (granite et grès) acide, associé à des placages glaciaires plutôt imperméables et un climat marqué par des précipitations abondantes, qui sont autant de facteurs favorables à l'implantation d'une multitude de plans d'eau. Les hommes ont utilisé les caractéristiques de ce secteur en rehaussant les verrous naturels par des digues et en aménageant des étangs, utilisés le plus souvent à des fins piscicoles. Dans ces plans d'eau, la faible profondeur et l'absence de gradient thermique autorisent le développement de la végétation sur toute la hauteur d'eau. La gestion traditionnelle a permis l'installation d'écosystèmes de grande valeur biologique. L'implantation de formations tourbeuses en bordure de l'étang de Faideaugrave (tremblants tourbeux et bas-marais acide à laîche blanchâtre et agrostide des chiens) contribue à relever l'intérêt écologique de cette zone.
Cet étang est classé parmi les plans d'eau oligotrophes des Vosges méridionales. Ses eaux pauvres en éléments nutritifs hébergent le nénuphar nain, plante remarquable protégée à l'échelon régional et en raréfaction en France. Cet élément d'affinité boréo-arctique de la flore comtoise se rencontre en effet dans les plans d'eau riches en matière organique, peu profonds, à niveau d'eau peu variable. Il se répartit en deux pôles en Franche-Comté ; dans les Vosges saônoises, l'espèce apparaît dans une dizaine de plans d'eau. Sur ce site, la station de nénuphar nain occupe une superficie d'une dizaine de mètres carrés.
De surcroît, la gestion traditionnelle, alternant phases de mise en eau et d'assec, est favorable à l'implantation de plantes amphibies se développant sur les berges en pente douce et tolérant les variations de niveau d'eau. Parmi celles-ci, on recense l'élatine à six étamines, très rare en Haute-Saône, et surtout la littorelle à une fleur. Cette dernière, protégée au plan national, forme de remarquables gazons sur la rive nord et à l'extrémité nord-est du plan d'eau. Suite aux modifications des pratiques de gestion des étangs, toutes ces espèces sont en régression.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, la présence de plantes protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 20/01/82 et 22/06/92).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Afin de garantir la pérennité des habitats et de la flore de ces étangs, il convient d'éviter toute opération susceptible de contribuer à la dégradation de la qualité des eaux. En effet, un enrichissement des eaux serait néfaste au maintien des groupements tourbeux et du cortège d'espèces patrimoniales. Le nénuphar nain, en particulier, se révèle très sensible aux perturbations mécaniques et à la pollution. Une plantation de résineux réalisée à l'ouest de la rive nord, précisément à l'aplomb des colonies de nénuphar nain, pourrait avoir des conséquences négatives sur le maintien de cette espèce (ombrage, apport de nutriments). En effet, le niveau trophique de l'étang est susceptible de s'élever sensiblement en cas de coupes massives de ces résineux. Aussi, l'état de conservation de cette petite population est-il jugé moyennement favorable.
Enfin, la poursuite des pratiques de gestion traditionnelles est indispensable à la préservation des populations de plantes pionnières : limitation de l'artificialisation des rives, conservation et entretien respectueux des ceintures végétales actuelles, baisse du niveau des eaux en fin d'été.