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Description
Le massif forestier dit « Le Grand Bois » est situé au nord-est du département de la Haute-Saône, dans la zone de confluence des systèmes du Breuchin et de l’Ognon, à une altitude comprise entre 250 et 300 m. La région naturelle à laquelle il est rattaché est la Dépression périvosgienne, vaste « cuvette » correspondant aux épanchements les plus avancés des cônes d’alluvions glaciaires morainiques des Vosges. Ces formations d’âge antewürmien sont composées de galets et de blocs emballés dans du lehm, le tout reposant sur les marnes du Trias moyen et assurant donc une bonne imperméabilité, indispensable à l’installation de nombreux étangs. C’est le cas dans ce massif forestier où l’on en observe une bonne dizaine et parmi eux les étangs Deroy, localisés sur le territoire communal de Citers.
L’intérêt de ces deux étangs tient tout d’abord à la diversité de la végétation colonisant les plans d’eau et leurs abords, certains groupements végétaux étant assez peu fréquents dans la région et notamment les tourbières sensu lato. En retrait des rives, l’eau quasi permanente, compte tenu de la nature du sous-sol et de la topographie des lieux, permet le développement de sols hydromorphes voire tourbeux sur lesquels s’installent des bas marais acides et des marais de transition qui comptent un cortège floristique diversifié. Les populations de laîche à utricules velus et de rhynchospore blanc forment de vastes tapis, dans les gouilles, dont la surface est colonisée par des communautés denses d’utriculaires, ajoutant encore à l’intérêt biologique du site. Situés en contexte forestier, ces étangs sont également ceinturés par des formations boisées de type saulaie et aulnaie marécageuse lorsque l’eau joue encore le premier rôle dans les sols, et par des forêts sur sols ressuyés au moins en surface (chênaie pédonculée), lorsque l’on s’écarte de sa zone d’influence.
Ces étangs hébergent de nombreuses espèces floristiques typiques de ces milieux, parmi lesquelles trois sont d’un intérêt patrimonial fort : l’hydrocotyle commun (protection régionale), le rossolis intermédiaire (protection nationale) et la laîche à utricules velus, espèce considérée comme menacée en France (statut : à surveiller).
La diversité des habitats permet également à une faune variée et rare de coloniser ces étangs et leurs abords. Parmi les odonates, assez nombreux ici mais fréquents dans la région, une espèce d’intérêt patrimonial fort se distingue. Il s’agit de la leucorrhine à gros thorax, inscrite sur la liste rouge des espèces menacées et bénéficiant d’un statut de protection nationale. Sa présence confère aux étangs Deroy le statut de « site à Odonates hautement prioritaire », même si la reproduction de cette espèce n’y est pas formellement confirmée actuellement.
Statut de protection
Aucune protection réglementaire de l’espace n’a été mise en place. La présence de deux plantes et d’un insecte protégés et cités dans les arrêtés ministériels des 20.01.1982, 22.06.1992 et 22.07.93 assure cependant directement, en France et en Franche-Comté, la protection de ce site puisque tout acte de destruction à l’encontre de ces espèces et de leur milieu est interdit.
Objectifs de préservation
Ces étangs, outre leur fonction patrimoniale en hébergeant un certain nombre d’espèces rares et menacées, ainsi que des habitats peu fréquents en plaine, jouent un rôle important tant dans la régulation hydrologique (stockage des eaux de pluie afin d’assurer le soutien à l’étiage, ralentissement du ruissellement) que dans l’épuration des eaux (régulation des nutriments). Un plan de gestion de ces étangs semble souhaitable afin d’assurer leur pérennité. Leur abandon entraînerait l’atterrissement du plan d’eau et l’envahissement progressif des berges par les saules et les bourdaines, et donc, à plus ou moins long terme, la disparition de l’ensemble des milieux si caractéristiques de ce site.
