DESCRIPTION
La région naturelle des plateaux et moyenne montagne vosgienne dite " plateau des Mille Etangs " se caractérise par une grande densité d'étangs tourbeux dans un contexte de forêts et de prairies humides. Au sud du village d'Ecromagny, au sein du bois du Fays (forêt de feuillus), les contours de la zone englobent un petit secteur forestier humide et tourbeux.
L'altitude, le climat froid et très humide (1300 à 1700 mm annuels de précipitations), le substratum géologique cristallin (granite et grès) associé aux placages glaciaires plutôt imperméables, la nature acide des eaux de ruissellement et des précipitations ainsi que le relief peu accidenté sont autant de conditions favorables à la formation de tourbières dans ce secteur.
La délimitation de ce site comprend un groupement forestier relevant d'une association d'aulnaie-frênaie marécageuse à fougère femelle et ronces. Dominée par l'aulne et le frêne, cette formation s'est installée sur un sol plus ou moins tourbeux, engorgé en permanence à la faveur de petits écoulements. Les matériaux sableux et graveleux sous-jacents sont issus de roches siliceuses, déterminant ainsi des stations oligo-mésotrophes (relativement peu riches en éléments nutritifs) et assez acides, comme en témoigne la présence de la myrtille. Ce type de boisement, généralement ponctuel ou linéaire, est peu étendu par nature puisque son installation est liée à ces contraintes édaphiques particulières. Par conséquent, sa présence traduit une valeur patrimoniale forte. A l'échelle régionale, il se rencontre principalement dans ce secteur vosgien. Quelques chablis sont également colonisés par des fourrés de saules cendrés plus ou moins denses : ces groupements constituent une phase pionnière de recolonisation suite aux perturbations liées à la tempête de 1999.
La strate herbacée, assez luxuriante, est riche en fougères. Ce site se distingue tout particulièrement par la présence de l'osmonde royale, bénéficiant d'un statut de protection en Franche-Comté. Cette fougère, la plus grande de la flore comtoise, se raréfie beaucoup dans l'est de la France. Dans la région, cette espèce d'affinité atlantique apparaît sur des terrains humides et acides, à une altitude modérée. Elle trouve refuge dans des forêts ripicoles vosgiennes, parfois dans des chênaies pédonculées à molinie, ou, comme ici, dans des aulnaies marécageuses. Ce secteur périvosgien constitue l'un des pôles régionaux de répartition de cette espèce, en continuité avec les localités de la plaine de Saône, des massifs de la Serre, de la forêt de Chaux et de la Bresse.
Aucune espèce déterminante n'a été contactée. Le caractère très forestier de la zone, et plus particulièrement la densité du milieu, limite très fortement les possibilités d'installation d'espèces prioritaires pour les groupes classiquement étudiés (Orthoptères, Rhopalocères, Odonates). Les premiers relevés effectués sur la zone se sont montrés d'une extrême pauvreté et seules deux espèces très communes ont été inventoriées: le grillon des bois (Nemobius sylvestris (Bosc, 1792)) et le tircis (Pararge aegeria (Linnaeus, 1758)).
STATUT DE PROTECTION
La zone est incluse dans le site Natura 2000 " Plateau des Mille Etangs ". En outre, la présence d'une espèce végétale protégée confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêté ministériel du 22/06/92).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Suite à quelques chablis engendrés par la tempête de 1999, les ronces ont tendance à devenir envahissantes et à étouffer les plantes herbacées. Cette évolution est donc à surveiller. De plus, une partie de la zone a malheureusement été enrésinée, ce qui pourrait remettre en cause la présence de l'osmonde royale à moyen terme. Il conviendrait donc d'entreprendre un aménagement des pratiques forestières afin d'assurer la pérennité de la station de cette belle fougère. La gestion sylvicole devrait ainsi favoriser l'hétérogénéité de structure de l'écocomplexe et pérenniser l'aulnaie en assurant sa régénération. Cet objectif peut être réalisé en intervenant le moins possible sur ce type de boisement de fort intérêt patrimonial, par ailleurs peu productif et présentant des potentialités économiques limitées. En outre, toute opération de drainage est à proscrire impérativement afin d'assurer une conservation durable des habitats.