DESCRIPTION
La région naturelle des plateaux et de la moyenne montagne vosgienne dite " plateau des Mille Etangs " se caractérise par une grande densité d'étangs tourbeux dans un contexte de forêts et de prairies humides. Entre les villages de Faucogney-et-la Mer et de Beulotte-la-Guillaume, au sein du bois Forembert, la zone englobe un petit étang abandonné en voie de colonisation par la végétation et le petit ruisseau qui s'en écoule. En aval de l'étang, ce cours d'eau dévale la pente dans une ambiance de forêt de feuillus avant de rejoindre le Beuletin en fond de vallon.
Les bords du ruisseau sont colonisés par une forêt riveraine du type aulnaie-frênaie à laîche espacée. Ce type de boisement humide, d'extension forcément limitée du fait des caractéristiques édaphiques, revêt un intérêt patrimonial fort. De plus, il héberge une fougère protégée en Franche-Comté, le dryoptéris espacé. Il semble que l'habitat préférentiel de cette belle espèce rare dans la région soit constitué de terrains humides et acides, tels que les bords de ruisseaux forestiers. Elle reste toutefois méconnue, du fait de confusions possibles avec des espèces proches.
L'étang situé en amont est vide et abandonné vraisemblablement depuis plusieurs années. La végétation de l'ancien plan d'eau évolue vers une cariçaie dense en cours de colonisation par des formations arbustives et arborées où les saules et l'aulne prédominent. Les groupements herbacés sont largement dominés par la laîche vésiculeuse. Dans les parties les plus humides, à proximité de la digue et du ruisseau, se développe une végétation constituée de petites cypéracées et de joncs : on y recense le scirpe flottant, espèce amphibie protégée et très rare en Franche-Comté où seules cinq localités sont connues, toutes haut-saônoises. Cette plante des berges inondées périodiquement est menacée par les modifications de pratiques de gestion des étangs : le piétinement intensif, les aménagements, l'eutrophisation, l'envasement et surtout la stabilisation des niveaux d'eau et la régularisation des rives lui sont préjudiciables. Ici les menaces portant sur la pérennité de la station sont liées à l'abandon de ce plan d'eau et à l'atterrissement qui en résulte, d'où une colonisation massive par les ligneux.
STATUT DE PROTECTION
La zone est incluse dans le site Natura 2 000 " Plateau des Mille Etangs ". En outre, la présence de plantes protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêté ministériel du 22/06/92).
OBJECTIFS DE PRÉSERVATION
Le phénomène d'atterrissement de l'étang et de colonisation par les ligneux, s'il se poursuit, conduira à terme à la disparition du scirpe flottant. Une remise en eau (après élimination de la végétation) serait donc à envisager rapidement.
Le ruisseau fait partie de ces écosystèmes remarquables qui se sont considérablement raréfiés de sorte qu'il n'en subsiste aujourd'hui qu'une bonne centaine en Franche-Comté. Leur bon état de conservation est lié à la préservation du bassin versant ; cependant la nature acide de leurs eaux les rend très vulnérables et l'intégrité de ces systèmes aquatiques est chaque jour menacée. D'une manière générale, ils font l'objet de pollutions chimiques ou organiques diffuses, de travaux anarchiques tantôt dans le lit mineur ou en bordure immédiate, de braconnage et d'alevinages intempestifs (notamment en espèces non indigènes) ou encore d'agressions diverses en lien avec l'exploitation sylvicole et agricole intensive (passage d'engins de débardage dans le lit du ruisseau, encombrement du lit par les branchages abandonnés après les coupes de bois, coupe à blanc sur le bassin versant, plantation de résineux ou peupliers en bordure du ruisseau, fertilisation et traitements phytosanitaires). Si le ruisseau du bois Forembert ne semble pas être menacé actuellement, il convient notamment d'éviter des plantations de résineux et d'observer la plus grande vigilance lors des travaux forestiers.
ÉTAT DE CONSERVATION GÉNÉRAL DU SITE (2014)
L'étang est visiblement en assec depuis longtemps déjà, il a été colonisé par la végétation. Il reste encore des bouleaux et des saules. Les zones encore inondées sont très restreintes.