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DESCRIPTION
La région naturelle des plateaux et moyenne montagne vosgienne dite " plateau des Mille Etangs " se caractérise par une grande densité d'étangs dans un contexte de forêts et de prairies humides. La zone située au lieu-dit Mares Mougeots, d'un intérêt botanique remarquable, englobe deux étangs entre lesquels s'intercalent une mare et des secteurs tourbeux.
L'altitude, le climat froid et très humide, le substratum géologique cristallin associé aux placages glaciaires plutôt imperméables, la nature acide des eaux de ruissellement et des précipitations ainsi que le relief peu accidenté sont autant de conditions favorables à la formation de tourbières dans ce secteur. Divers cas se présentent selon le type d'alimentation hydrique : accumulation et stagnation d'eau dans un point bas topographique, ruissellement le long d'une pente douce, radeau flottant à la surface d'un étang. Dans ces trois situations, l'alimentation en eau intervient latéralement dans la genèse ; les précipitations peuvent s'y ajouter ou s'y substituer totalement ensuite.
L'étang nord et la mare présentent des abords et des fonds plus ou moins tourbeux ; ces plans d'eau dystrophes se caractérisent par des eaux acides, pauvres en éléments nutritifs et riches en composés humiques. Autour des berges, la végétation est dominée par un bas-marais acide. L'écuelle d'eau, protégée en Franche-Comté, est recensée sur ce site, ainsi que le rossolis à feuilles intermédiaires. Les Vosges saônoises constituent l'unique pôle régional de répartition de cette plante carnivore protégée en France. Des fourrés dominés par le saule cendré ont tendance à coloniser ces secteurs tourbeux.
Le grand étang situé au sud, dont les berges sur substrat minéral sont périodiquement exondées, se distingue surtout par la présence d'un cortège de plantes typiques supportant ces niveaux d'eau fluctuants : la littorelle à une fleur, protégée en France, forme un gazon particulièrement bien développé. Cette espèce liée aux étangs oligotrophes à mésotrophes sur substrat siliceux est menacée en France. D'autres plantes remarquables sont associées à cet habitat : la pilulaire à globules, petite fougère aquatique ressemblant à un jonc (également protégée en France) et pour laquelle c'est la seule station haut-saônoise, l'illécèbre verticillé (protégé en Franche-Comté), ainsi que le lythrum pourpier et la corrigiole des grèves, rares dans la région. Fossombronia foveolata et Riccia huebeneriana sont deux hépatiques (plantes affiliées aux mousses) des vases exondées connues dans moins de cinq localités dans le département.
STATUT DE PROTECTION
La zone est incluse dans le site Natura 2 000 " Plateau des Mille Etangs ". En outre, la présence de plantes protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 20/01/82 et 22/06/92).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Les tourbières de Haute-Saône s'étendent sur moins de 250 hectares pour une centaine de sites. Ces réservoirs de biodiversité assurent également des fonctions de régulation hydrique (" rôle d'éponge ") et d'épuration des eaux. Compte tenu de sa valeur et de la rareté des habitats représentés, la sauvegarde de cette zone est prioritaire.
La principale menace est liée à l'abandon dont semblent faire l'objet l'étang nord et la petite mare. La faiblesse du niveau d'eau contribue à l'assèchement des zones tourbeuses périphériques et à l'envahissement par les saules et la bourdaine, accélérant ainsi ce phénomène naturel d'évolution des tourbières. De plus, une plantation de pin Weymouth a été réalisée dans les parties marécageuses. Toutes ces atteintes pourraient remettre en cause à court terme la pérennité des groupements et des espèces remarquables présents dans ce secteur. La stabilisation des niveaux d'eau, de même que l'eutrophisation, le piétinement intensif et les aménagements seraient fortement préjudiciables au maintien de la flore des berges temporairement exondées.
