DESCRIPTION
Dans le secteur occidental des plateaux gréseux et de la moyenne montagne vosgienne, aux confins de la Franche-Comté, les paysages vallonnés sont dominés tour à tour par des prairies ou de grandes surfaces boisées. Sur la commune de Saint-Bresson, le vaste site tourbeux de Plafin est implanté à l'est du hameau des Prés Benons. Bien que cette tourbière soit partiellement colonisée par des trembles et des bouleaux, des plages ouvertes et bien typées subsistent encore.
L'altitude, le climat froid et très humide, le substratum géologique cristallin associé aux placages glaciaires plutôt imperméables, la nature acide des eaux de ruissellement et des précipitations ainsi que le relief peu accidenté sont autant de conditions favorables à la formation de tourbières dans ce secteur. Diverses situations se présentent selon le type d'alimentation hydrique : ruissellement le long d'une pente douce, radeau flottant à la surface d'un étang ou encore accumulation et stagnation d'eau dans une dépression, comme c'est le cas de la tourbière de Plafin. Si l'alimentation en eau intervient latéralement dans la genèse, les précipitations s'y ajoutent ou s'y substituent totalement ensuite. Ces milieux sont caractérisés par la présence de sphaignes et d'un cortège de plantes inféodées à ces conditions particulières. Sur ce site, des groupements de tourbière bombée active (haut-marais acide) et de bas-marais acide cohabitent étroitement avec des communautés à rhynchospore blanc occupant les gouilles et les dépressions plus humides.
L'intérêt floristique est marqué par la présence de deux plantes carnivores protégées en France, les rossolis à feuilles rondes et à feuilles intermédiaires. Cette dernière n'est connue dans la région que dans ce secteur. La pédiculaire des bois (protégée en Franche-Comté) et la canneberge, petite espèce de myrtille menacée, sont également recensées.
A ces habitats tourbeux imbriqués est associée une faune typique, notamment sur le plan entomologique. Ce site héberge deux papillons protégés au plan national : le nacré de la canneberge, relicte glaciaire, présente ici une belle population, alors que le fadet des tourbières montre pour sa part des effectifs très réduits et fluctuants (l'espèce n'a pas été revue depuis plusieurs années et sa situation reste critique). Le peuplement de libellules comprend deux espèces déterminantes: l'orthétrum bleuissant et le sympétrum noir et la grande aeschne.
En 2014, certaines espèces n'ont pas été revues ce qui pourrait être le signe d'un assèchement de la tourbière bombée.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, la présence d'espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 20/01/82, 22/06/92 et 23//04/07).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Les tourbières de Haute-Saône s'étendent sur moins de 250 hectares pour une centaine de sites. Ces réservoirs de biodiversité assurent également des fonctions de régulation hydrique (" rôle d'éponge ") et d'épuration des eaux. Compte tenu de sa valeur et de la rareté des habitats représentés, la sauvegarde de cette zone est prioritaire, ce qui implique notamment le maintien de la fonctionnalité hydrologique.
L'évolution naturelle de ces milieux tend progressivement vers un atterrissement et une colonisation par les ligneux. Le site de Plafin présente ainsi des signes sensibles d'assèchement, conséquences vraisemblables de tentatives anciennes de drainage. La molinie bleue et les bouleaux ont tendance à envahir la tourbière, ce qui est préjudiciable à la pérennité des secteurs intéressants sur le plan patrimonial. Des travaux de génie écologique (bouchage des drains) visant à rétablir une fonctionnalité hydrique satisfaisante (remontée du niveau de la nappe) seraient donc souhaitables.
Les zones périphériques sont nettement banalisées. Par conséquent, le maintien du fadet des tourbières, qui semble se cantonner sur les pourtours du site, paraît compromis. Dans l'optique d'une préservation des stations de cette espèce, l'instauration de zones tampons autour des tourbières serait à préconiser en sa présence.