Description
Localisé au sud du village de Lantenot, au nord-est du département de la Haute-Saône, l’Étang de Billeux s’est établi dans la zone de transition entre la Dépression périvosgienne et le Plateau des Mille Étangs. Ces deux régions naturelles ont été soumises, il y a quelques milliers d’années, à un phénomène glaciaire d’envergure, dont les traces sont encore visibles aujourd’hui dans le paysage. L’étang proprement dit occupe une dépression assez vaste, dont le fond est occupé par des formations fluvio-glaciaires du Pleistocène, elles-mêmes recouvertes localement d’alluvions récentes plus ou moins tourbeuses. Les conditions climatiques qui règnent dans cette région - et notamment des précipitations assez abondantes une bonne partie de l’année - ainsi que les caractères géomorphologiques du site sont propices à l’installation d’étangs et d’habitats originaux : les tourbières, assez rares à cette altitude (environ 300 mètres).
Ce site est d’autant plus remarquable qu’il comporte tous les stades dynamiques de l’évolution d’une tourbière. Un bas marais acide, dominé par la laîche à utricules contractés en bec, en est la première phase. Ponctués de nombreuses gouilles dans lesquelles se sont développées d’importantes colonies d’utriculaires - espèces, pour la plupart, menacées par la disparition de leur biotope - les radeaux flottants, qui ont succédé au bas marais, évoluent ensuite vers une tourbière bombée dont le « socle » est constitué de sphaignes. Leurs larges coussins hébergent une très belle population d’andromède à feuilles de polium, espèce protégée au niveau national et menacée. Le stade ultime de l’évolution de la tourbière est marqué ici par une boulaie sur tourbe.
Ces différents habitats correspondent à une phase d’atterrissement de l’étang. Mais ce dernier compte encore un beau plan d’eau dont une partie des berges est occupée par des magnocariçaies. Au sud et à l’est, l’étang est bordé par des formations boisées. Dans le secteur de la queue de l’étang, les sols engorgés longtemps dans l’année sont recouverts par des saulaies arbustives et une aulnaie marécageuse. Lorsque les sols se ressuient, les chênaies pédonculées à crin végétal leur succèdent, parfois transformées en plantations monospécifiques.
Statut de protection
Aucune protection réglementaire de l’espace n’a été mise en place. En revanche, la présence d’une espèce protégée et citée dans l’arrêté ministériel du 31.08.1995 confère directement un statut de protection au milieu. En effet, la législation interdit de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent.
Objectifs de préservation
Les zones humides ont en général un rôle multifonctionnel dans le cycle de l’eau : rétention pendant les périodes pluvieuses, alimentation des nappes souterraines, auto-épuration des eaux de surface, ralentissement du ruissellement, Il en est de même de l’étang de Billeux. Plan d’eau utilisé à des fins d’activité halieutique de loisir, les habitats qui l’entourent présentent cependant un assez bon état de conservation. Afin de maintenir l’état actuel et donc le patrimoine écologique qu’il représente, quelques mesures de préservation apparaissent indispensables. La préservation de la végétation d’hydrophytes et d’hélophytes, abondantes et diversifiées, sera assurée par le maintien en eau satisfaisant de l’étang et le respect de la dynamique de la nappe phréatique (alternances de niveaux et assec partiel estival des secteurs peu profonds). Cette mesure favorisera, en outre, l’installation des odonates.
Cet étang étant utilisé pour la pêche, le réempoissonnement doit être réalisé avec respect de la faune existante en évitant l’introduction d’espèces susceptibles d’engendrer des déséquilibres fonctionnels sur ces plans d’eau oligotrophes. Des opérations de dégagement en retrait des rives permettront de contenir l’extension des cordons boisés ou arbustifs, limitant ainsi l’évolution dynamique de la végétation vers la fermeture du milieu.