ZNIEFF 430020262
MARNIÈRE D'EPEUGNEY

(n° régional : 45087013)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Bien représentées dans les vallées de la Loue et du Lison, les marnes oxfordiennes ont été traditionnellement exploitées pour la fabrication de tuiles. Imperméables et collants en surface, humides une partie de l'année, très secs l'été, fréquemment ravinés, ces affleurements sont à l'origine d'une végétation très spécifique. A l'est d'Epeugney, l'utilisation agricole extensive d'un coteau marneux a favorisé l'expression de pelouses d'un grand intérêt écologique et paysager.

 

D'une manière générale, les pelouses sèches constituent un type de végétation herbacée installée sur des sols assez superficiels à degré nutritionnel peu élevé et aux réserves hydriques faibles. Malgré leur capacité à accueillir de nombreuses espèces patrimoniales, ces milieux sont toutefois très menacés à l'heure actuelle par deux phénomènes principaux. L'un concerne l'urbanisation qui cherche à investir les coteaux ensoleillés propices à ces pelouses et l'autre correspond à la déprise agricole qui tend à délaisser ces terres moins productives, qui reprennent alors plus ou moins rapidement une dynamique forestière.

 

Le coteau d'Epeugney est le domaine de la pelouse à plantain serpentant et tétragonolobe à siliques. Cette association montagnarde d'intérêt européen se développe typiquement sur ces marnes oxfordiennes soumises à de forts contrastes hydriques saisonniers. Plusieurs espèces protégées en Franche-Comté s'y développent, comme la pédiculaire des forêts et le plantain serpentant, une plante très localisée aux vallées de la Loue et du Lison dans la région. Alors que ce groupement continuellement érodé laisse apparaître de nombreuses zones de suintements, la partie supérieure du coteau est quant à elle nettement plus sèche. Le lessivage de ces sols de haut de pente favorise la pelouse mésophile à danthonie et brachypode penné. Outre son intérêt communautaire, l'originalité de ce groupement repose sur sa capacité à accueillir une flore à tendance acide peu représentée dans le massif jurassien. L'imbrication de ces différentes pelouses bénéficie au damier de la succise, un papillon menacé en Europe, qui présente sur ce coteau l'une de ses plus belles populations de Franche-Comté.

 

Toutefois, l'insuffisante pression de pâturage sur ce coteau s'en est suivie d'un enfrichement très actif par une fruticée mésoxérophile de genévrier. Cette formation d'intérêt communautaire reste malgré tout assez peu fréquente sur les vallées de la Loue et du Lison et présente beaucoup d'attrait pour certains insectes. La plantation de pins sur ce coteau demeure par ailleurs regrettable, puisqu'elle accélère la fermeture des pelouses. A l'opposé, d'autres parties de la zone, principalement au sud, sont soumises à un pâturage assez intensif et à des apports d'engrais qui ont fait disparaître les pelouses au profit de prairies pâturées mésotrophes ou eutrophes d'intérêt plus faible.

 

STATUT DE PROTECTION

Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, la présence de trois plantes protégées régionalement par l'arrêté du 22.06.92 et d'un insecte protégé nationalement par l'arrêté du 06.05.07 assure indirectement la protection de cette zone puisque est interdit tout acte de destruction à l'encontre de ces espèces et de leur milieu.

 

OBJECTIFS DE PRÉSERVATION

La gestion conservatoire de cette zone doit comprendre des opérations urgentes de réouverture des secteurs les plus humides, tout en veillant à maintenir un recouvrement arbustif sous forme d'îlots épars et en exportant les végétaux coupés. L'entretien des milieux ouverts pourrait être poursuivi grâce au pâturage équin pratiqué actuellement en certains droits, très favorable au maintien de l'intérêt biologique de la zone. Rappelons que les épandages sur les milieux herbacés sont à éviter pour ne pas appauvrir la flore. Enfin, toute nouvelle plantation de résineux sur les pelouses doit être proscrite, sachant que de toute façon la minceur et l'humidité des sols une partie de l'année la rendent inadaptée. La plantation en place mériterait d'ailleurs d'être éliminée progressivement.

 

Commentaires sur la délimitation
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