ZNIEFF 430020268
PRÉ HUMIDE DE LA LÉCHÈRE

(n° régional : 46104017)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Au nord de Hautepierre-Le Châtelet, les prés de la Léchère se situent sur les seconds plateaux du Jura, à proximité de la haute vallée de la Loue. Sur une pente orientée au sud-est, des marnes bleues imperméables du Jurassique supérieur (Séquanien) affleurent et sont à l'origine de combes ou de pentes douces. Aux prés de la Léchère, des suintements à flanc de coteau déterminent la formation d'une zone humide de pente, dans un environnement de forêts mixtes et de pâturages.

 

Cette zone présente un faciès de prairie para-tourbeuse oligotrophe à molinie. Ces milieux remarquables sur le plan écologique se distinguent par des sols alcalins et pauvres en nutriments. Ils sont soumis à des conditions d'humidité contrastée (battement du toit de la nappe phréatique) très contraignantes pour la végétation. A côté d'espèces courantes et typiques comme la molinie, la callune ou la succise, se trouvent la laîche bleuâtre, le jonc articulé et la sanguisorbe officinale. Un cortège floristique de plantes à fleurs originales leur est associé, ce qui confère un intérêt botanique majeur à ce site. D'une manière générale, les prairies à molinie sur sols calcaires sont plus riches en espèces que les variantes en milieu acide. Les plantes les plus remarquables sont la pédiculaire des forêts (protégée en Franche-Comté), la serratule des teinturiers et la parnassie des marais. De répartition localisée, cette espèce aux fleurs blanches, s'épanouissant en début d'automne, est typique de tels milieux humides.

 

De nombreux ligneux parsèment le secteur et tendent à le coloniser. Il s'agit essentiellement de résineux (pins sylvestres en majorité et épicéas), mais aussi du saule cendré, de la bourdaine et du chêne sessile.

 

L'intérêt entomologique du site est élevé. Ces formations herbacées humides, riches en plantes à fleurs, constituent en effet des habitats originaux, très sélectifs, qui permettent l'installation d'un cortège d'insectes très intéressant : la richesse en plantes à fleurs est favorable à de nombreux insectes floricoles, comme des papillons de jour. Parmi les espèces recensées, le grand mars changeant et le grand nègre de Hongrie sont remarquables et peu répandus dans la vallée de la Loue. Le damier de la succise, quant à lui, est protégé à l'échelon national.

 

Un étang artificiel a été creusé au nord-est de la zone, en contrebas. Colonisé par une flore assez banale, ce plan d'eau est toutefois favorable à la reproduction des libellules.

 

STATUT DE PROTECTION

Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, la présence d'espèces de flore et d'insectes protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 20/01/1982 et 22/06/1992 pour la flore et 06.05.07 pour les insectes).

 

OBJECTIFS DE PRESERVATION

Les bas-marais alcalins font partie des habitats qui ont subi la régression la plus grave et leur préservation constitue un enjeu majeur. D'une manière générale, ces milieux sont concernés par la déprise agricole, d'où une fermeture du milieu consécutive à leur enfrichement. C'est le cas des prés de la Léchère où l'extension des ligneux accélère l'assèchement. La fermeture du milieu à plus ou moins brève échéance remettrait en cause la présence du damier de la succise. Après des opérations de débroussaillage, l'instauration d'un pâturage léger et non permanent devrait être ensuite favorisé.

S'il apporte un facteur de diversification, malgré tout modéré, l'étang à grenouilles contribue non seulement à amputer la superficie du marais mais influe également sur le fonctionnement hydrique de la zone. Il convient donc d'éviter toute nouvelle création de plan d'eau, ainsi que des opérations de drainage ou d'assainissement dans le secteur. Dans ces écosystèmes oligotrophes, les apports d'engrais, provoquant un enrichissement en éléments nutritifs, sont déconseillés. Dans le cas contraire, il s'ensuivrait un déséquilibre trophique préjudiciable à la flore très spécialisée du bas-marais.

 

Commentaires sur la délimitation
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