DESCRIPTION
Au nord de Dole, entre la vallée de la Saône et le massif cristallin de la Serre, les paysages sont ponctués de diverses éminences dans la continuité des Avant-Monts, marquant ainsi la transition avec la plaine céréalière intensive à l’ouest. Les sommets de ces monts de faciès géologique Callovien et Bathonien (Jurassique moyen) sont généralement occupés par des pelouses. Entre Chevigny et Menotey, le lieu-dit Cros de Bois correspond à une colline allongée selon un axe nord-sud. Le périmètre de la zone du même nom englobe la partie sommitale culminant à 297 mètres, ainsi que des coteaux assez pentus exposés à l’est et au sud.
Sur cette zone, différents types de pelouses se répartissent selon la nature du substrat : associations calcaires mésoxéroclines à brome dressé et fétuque de Léman et groupements marnicoles à blackstonie perfoliée, entrecoupés localement de dalles rocheuses. Divers facteurs sont favorables à l’expression de ces formations herbacées maigres dans ce secteur : sols superficiels à squelettiques, relative pauvreté en éléments nutritifs, réserves en eau limitées, ensoleillement important. En outre, sur terrain marneux, le fonctionnement se caractérise par une alternance de phases d’hydromorphie marquée et d’assèchement au cours de l’année. La présence sur un même site de plusieurs types de pelouses juxtaposées en rehausse l’intérêt écologique. Les conditions contraignantes entraînent la sélection d’une flore diversifiée, riche en espèces patrimoniales et incluant de nombreux éléments d’affinité méditerranéenne, tels que le petit cytise hérissé et la germandrée petit-chêne, assez rares. Le cortège comprend également une plante protégée au plan régional.
Autrefois, ce secteur était vraisemblablement occupé par un vignoble ; actuellement abandonné par l’agriculture, il subit un enfrichement marqué. Cette dynamique naturelle, qui conduit à terme à une recolonisation de la forêt, est très préjudiciable au maintien des milieux ouverts et des espèces associées. Différents stades d’embroussaillement sont ainsi observés : ourlets forestiers thermophiles, buissons d’arbustes épineux. Les groupements de chênaie-charmaie présentent des faciès assez secs, tendant vers la chênaie thermophile.
Ces habitats répartis en mosaïque hébergent également une faune typique et variée. Parmi les reptiles, trois espèces protégées en France sont recensées : par exemple, le lézard vert, en régression, est rare dans cette partie de la région. Il affectionne les structures herbacées hétérogènes entrecoupées de buissons. En outre, le Cros de Bois est l'un des seuls lieux de reproduction de l'engoulevent d'Europe dans cette partie du département.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l’espace n’a été mise en place. En revanche, la présence d’espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 29/10/09, 22/06/92 et 19/11/07).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
D’une manière générale, les pelouses sont des milieux relictuels et en régression. Sur ce site, la fermeture du milieu en cours est très préjudiciable à la conservation des groupements herbacés typiques. Des opérations de débroussaillage complétées par une gestion extensive seraient donc à encourager. Un défrichement raisonné puis la restauration du pâturage (extensif et même épisodique) permettrait de conserver une pelouse ouverte ponctuée de buissons, structure la plus favorable à une biodiversité élevée. Si la présence d’ourlets et lisières, riches sur le plan écologique, est intéressante, il convient toutefois d’en limiter la progression.
Le Cros de Bois fait partie d'un ensemble de collines calcaires autour du massif de la Serre. Outre son intérêt propre, cette zone fait partie intégrante d’un réseau. Sa conservation est d’autant plus importante qu’elle joue un rôle de corridor écologique pour les espèces liées à ces milieux calcicoles et thermophiles.