DESCRIPTION
Le plateau de Nozeroy, dans le prolongement de la plaine de l’Arlier, correspond à la zone aval d’extension des glaciers würmiens : le paysage est caractérisé par une alternance de creux et de bosses (dépôts morainiques issus de l’abandon des matériaux érodés et transportés par le glacier lors de la fonte des glaces).
Le réseau hydrographique de tête de bassin versant de l’Ain est assez dense dans le secteur de Mignovillard, en lien avec la nature plutôt imperméable du substrat. Le ruisseau du Martinet prend sa source à l’ouest de ce village. Jusqu’en aval du moulin du Martinet, la portion du vallon de ce ruisseau présente une mosaïque d’habitats diversifiée et intéressante.
En rive droite, le versant assez pentu est occupé par des pâturages mésotrophes : prairie à gentiane jaune et crételle (caractéristique des paysages montagnards jurassiens) ou à alchémille des montagnes et crételle (également bien répandue, elle dérive de la précédente par intensification et eutrophisation), ou encore forme montagnarde de la pelouse mésophile à sainfoin et brome dressé. Des écoulements superficiels sur le substrat morainique permettent l’expression de bas-marais alcalins relevant de l’association à laîche de Davall. Le ruissellement quasi-permanent et la pression zoogène constituent des plages nues au sein de ces communautés dominées par la laîche de Host qui hébergent deux espèces caractéristiques de ces habitats, protégées en Franche-Comté : le troscart des marais et la grassette commune. Ces plantes sont généralement menacées suite à la destruction de leurs biotopes : par exemple, les stations de plaine ont disparu dans la région. En outre, la morphologie en « marches d’escalier » de ces ruissellements carbonatés est à l’origine de la formation de flaques propices à l’installation de charophytes pionnières (algues vertes évoluées) comme Chara vulgaris.
Le ruisseau lui-même héberge des formations de roselières basses à cresson officinal ou à ache nodiflore. Il est bordé par des formations de hautes herbes (mégaphorbiaies) à épilobe hirsute et reine-des-prés, riches en plantes à fleurs.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l’espace n’a été mise en place. En revanche, la présence de plantes protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêté ministériel du 22/06/92).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Sur ce site, la gestion traditionnelle a contribué à créer une mosaïque d’habitats semi-naturels riches et diversifiés. La majeure partie est actuellement soumise à une gestion agro-pastorale relativement extensive, garante de la préservation durable de ces prairies. Le fond de vallon est essentiellement fauché, tandis que les versants sont pâturés par un petit troupeau de vaches et d’ânes. La dynamique naturelle de colonisation des bas-marais alcalins par le saule cendré est contenue grâce à des coupes régulières.
Pour conserver les potentialités du site, il est surtout essentiel de préserver le fonctionnement hydrologique. Il convient donc d’éviter toute opération de drainage, d'assainissement, de remblaiement, ou inversement, de creusement de plan d’eau dans l’ensemble de la zone. En effet, les cours d’eau de tête de bassin comme le ruisseau du Martinet sont particulièrement fragiles et sensibles à toute dégradation : d’une manière générale, ils font trop souvent l'objet de pollutions chimiques ou organiques diffuses, de travaux anarchiques (que ce soit dans le lit mineur ou en bordure immédiate), de braconnage et d'alevinages intempestifs ou encore d'agressions diverses dues à l'exploitation sylvicole et agricole intensives sur le bassin versant. La proximité du village de Mignovillard pourrait être à l’origine de pollutions diffuses. L’existence d’une station de pompage sur le site pourrait notamment avoir une influence négative sur les débits et la qualité biologique du cours d’eau ; en ce sens, il est important de maintenir un débit réservé.