Description
Sous nos latitudes, la cohabitation entre les chauves-souris et l'homme s'est amorcée depuis quelques centaines de milliers d'années. Durant les périodes glaciaires, cependant, les chauves-souris ont été contraintes de migrer au sud à la recherche de conditions plus clémentes. Ce n'est qu'avec le réchauffement climatique intervenu 6000 ans avant notre ère que leur peuplement est devenu assez semblable à ce qu'il est actuellement. Toutefois, la forêt était alors prédominante et les espèces forestières (Vespertilion de Bechstein, Noctule commune, Barbastelle d'Europe) étaient majoritaires. La sédentarisation de l'homme et le développement de l'élevage se sont progressivement traduits par une expansion des paysages semi-ouverts dont le Grand rhinolophe et le Grand murin ont profité. En parallèle, le développement des constructions et l'urbanisation ont favorisé les chauves-souris thermophiles (Petit rhinolophe, Pipistrelle commune, Sérotine commune) qui utilisent les bâtiments comme gîte de mise-bas en été.
Du fait de leur cycle de vie, les chauves-souris nécessitent plusieurs types d'habitats au cours de l'année : des gîtes pour l'hibernation, d'autres pour la mise-bas estivale, mais aussi des sites intermédiaires et des terrains de chasse, reliés par des axes de transit. Les changements de gîtes sont généralement constants d'une saison à l'autre et la plupart des espèces montrent une grande fidélité aux gîtes d'hiver et de mise-bas.
A Chevigny, les combles de l'église abritent une colonie de Petit rhinolophe en période estivale. Les effectifs oscillent entre 10 et 25 femelles qui viennent pour mettre bas et élever leur unique jeune. Ayant subi une régression spectaculaire de ses effectifs, cette espèce est très menacée en France et en Europe.
Les terrains de chasse changent régulièrement au cours de l'année en fonction des concentrations en insectes. Au final, les biotopes de transition assurent les meilleures sources de nourriture, particulièrement ceux situés non loin de l'eau : haies riveraines, cours d'eau, zones humides, mais aussi lisières forestières et forêts. Le Petit rhinolophe, assez généraliste dans le choix de ses proies, prospecte les milieux semi-ouverts (maillage de bosquets et forêts feuillues, vergers, pâturages bocagers) dans un rayon de 2 à 3 kilomètres autour du gîte. Les éléments linéaires (haies, lisières) lui sont indispensables pour rejoindre ses lieux de chasse. La proximité de milieux humides semble importante pour les femelles en phase de gestation et d’élevage des jeunes.
Ce site revêt un intérêt départemental. Plus généralement, les abords du massif de la Serre constituent l'un des cinq secteurs majeurs de répartition de l'espèce en Franche-Comté.
Statut de protection
L'arrêté ministériel du 23/04/07 assure une protection stricte des chauves-souris et interdit la destruction ou l'altération des sites de reproduction ou des aires de repos.
Objectifs de préservation
La tranquillité des colonies doit être assurée en période estivale, durant laquelle les individus sont vulnérables (juin à août). La fermeture des accès des gîtes, les travaux sur les toitures, le traitement des charpentes ou l'éclairage de l'édifice constituent autant d'autres menaces pour la pérennité des colonies.
En outre, la préservation de territoires de chasse riches en insectes est essentielle. La disparition des prairies, l'arasement des haies et ripisylves, l'assèchement des zones humides, l'utilisation de pesticides et d'avermectines sont autant de causes supplémentaires de disparition des colonies de reproduction. En particulier, les traitements vermifuges des bovins à base d'avermectines doivent être strictement encadrés : dans les déjections, l'action létale de ces molécules sur les insectes coprophages se prolonge durant plusieurs semaines.