DESCRIPTION
A l'est du Territoire de Belfort, les paysages du Sundgau se démarquent par rapport au reste du département. En effet, cette région naturelle se caractérise par un relief mollement vallonné, un réseau hydrographique dense et un sous-sol imperméable composé d'alluvions recouvertes par des limons. Ces spécificités sont à l'origine de la création de très nombreux étangs à vocation piscicole, souvent disposés en chapelet le long des cours d'eau.
Sur la commune de Lepuix-Neuf, au lieu dit la Basse Boulaie, dans un contexte de prairies mésophiles pâturées, trois étangs aménagés en enfilade en bordure de la RD 21 forment un ensemble interconnecté sur les plans hydrologique et fonctionnel. Ils sont bordés au sud par des boisements. La faible profondeur de ces plans d'eau et l'absence de gradient thermique autorisent le développement de la végétation sur toute la hauteur d'eau. La gestion traditionnelle a permis l'installation d'écosystèmes de grande valeur biologique.
L'intérêt des étangs de la Basse Boulaie est essentiellement d'ordre botanique ; le plan d'eau aval abrite en effet l'une des trois stations connues de marsilée à quatre feuilles du Territoire de Belfort. Cette petite fougère aquatique, dont les feuilles ressemblent à un trèfle à quatre feuilles, croît dans la petite zone marécageuse de la frange sud de l'étang soumise à des exondations temporaires. Les feuilles se développent tout d'abord à la surface de l'eau puis, à mesure que le niveau s'abaisse, se dressent progressivement hors de l'eau. Ce n'est qu'à la fin de l'été, lorsqu'elle est entièrement exondée, que la plante produit ses fructifications. Pour former des peuplements denses et importants, la marsilée exige des espaces dégagés car elle supporte mal la concurrence. Les changements de vocation ou de gestion des étangs constituent la menace la plus importante pour cette espèce d'intérêt européen protégée au plan national. Les exigences écologiques très strictes de cette fougère la rendent rare et instable. Le principal noyau de répartition franc-comtois se trouve en Bresse et une seule localité est notée en Haute-Saône. Si les fluctuations du niveau d'eau sont favorables au développement de la marsilée, la topographie particulière de cet étang (berges relativement abruptes) la cantonne sur un linéaire d'une centaine de mètres seulement.
D'un point de vue entomologique, l'étang de pêche possède des berges régulièrement tondues et est situé en bordure d'une départementale. De ce fait, ce milieu est peu favorable au développement d'espèces patrimoniales dans les groupes d'insectes ayant été inventoriés.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, la présence d'une plante protégée par l'arrêté ministériel du 20/01/1982 assure la protection de cette zone puisque tout acte de destruction à l'encontre de cette espèce et de son milieu est interdit.
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Outre leur fonction d'habitat quasi-exclusif d'un certain nombre d'espèces rares et menacées, les étangs jouent un rôle important dans l'atténuation des pics de crue à l'aval (stockage des eaux de pluie) et de régulation des nutriments (lagunage).
La préservation de l'intégrité des habitats et de la qualité de l'eau, associée au contrôle du fonctionnement hydrologique, est garante d'une bonne fonctionnalité écologique. La pérennité des habitats est liée à la préservation des pratiques de gestion traditionnelles : limitation de l'artificialisation des rives, conservation et entretien respectueux des ceintures végétales actuelles. La baisse du niveau des eaux en fin d'été est une condition indispensable à la pérennité de la station de marsilée à quatre feuilles. Malgré un effectif relativement faible de la population, son état de conservation reste favorable. Cependant deux menaces persistent, du fait de la sensibilité particulière de cette espèce à l'eutrophisation et à l'ombrage :
- l'extension de la végétation riveraine est à surveiller ;
- les deux étangs voisins étant chaulés, il existe un risque de modification des paramètres physico-chimiques des eaux (alcalinisation, enrichissement en substances fertilisantes).
Au vu de l'intérêt écologique de cette zone, des investigations complémentaires concernant la faune mériteraient d'être engagées.