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DESCRIPTION
Au nord-est du Territoire de Belfort, au pied des Vosges, la région naturelle du Sundgau se caractérise par un relief mollement vallonné, un réseau hydrographique dense et un sous-sol imperméable composé d'alluvions recouvertes par des limons. Ces spécificités sont à l'origine de la création de très nombreux étangs à vocation piscicole, souvent creusés en fond de vallon en chapelet le long des cours d'eau. La gestion traditionnelle a permis l'installation d'écosystèmes de grande valeur biologique.
En bordure d'une vaste zone boisée, le Gros Etang est l'un des plans d'eau du Sundgau dont les potentialités écologiques sont les plus élevées. De type oligo-mésotrophe, ses eaux calcaires sont peu à moyennement riches en éléments nutritifs. La végétation présente une zonation caractéristique, de la pleine eau vers les berges, avec une répartition en ceintures concentriques. Ici, des roselières à roseaux phragmites et des formations de laîches se développent sur les marges. En queue d'étang, une roselière à massettes jouxte une aulnaie et une saulaie marécageuse à populage des marais. La flore inféodée aux berges temporairement exondées est particulièrement bien représentée, ce qui confère à cet étang un intérêt floristique élevé. Ces espèces subissent en effet une régression généralisée suite aux modifications des pratiques de gestion des plans d'eau. La pilulaire à globules est une petite fougère ressemblant à un jonc dont les rhizomes rampent à la surface du sol. Exclusivement rencontrée en plaine, elle est caractéristique des sols oligotrophes, parfois tourbeux, des bords d'étangs. Menacée sur l'ensemble de son aire de répartition, cette espèce est protégée au plan national. Il faut également mentionner le jonc des marécages, petite plante pionnière se rencontrant dans les mêmes milieux.
A ces habitats est associée une faune remarquable. Le triton crêté est observé en période de reproduction dans un fossé latéral bordant une petite peupleraie. Sa présence n'est confirmée que dans huit sites du département. Si cet amphibien d'intérêt européen fréquente volontiers ce type de zone humide temporaire, l'assèchement précoce du fossé apparaît, dans le cas présent, préjudiciable aux larves qui ne peuvent accomplir leur cycle jusqu'à son terme. En outre, la végétation amphibie est favorable à diverses libellules, dont la cordulie métallique, relativement rare sur le département. Le râle d'eau, quant à lui, est un oiseau discret inféodé aux roselières denses.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, la présence d'espèces protégées citées dans les arrêtés ministériels des 29/10/09, 22/06/92 et 9/11/2007 confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent.
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Outre leur fonction d'habitat quasi-exclusif d'un certain nombre d'espèces rares et menacées, les étangs jouent un rôle important dans l'atténuation des pics de crue à l'aval (stockage des eaux de pluie) et de régulation des nutriments (lagunage).
La préservation de l'intégrité des habitats et de la qualité de l'eau, associée au contrôle du fonctionnement hydrologique, est garante d'une bonne fonctionnalité écologique. La baisse du niveau des eaux en fin d'été est nécessaire au maintien de la flore patrimoniale. Il faut noter que les berges du Gros Etang sont artificialisées sur 60 % du linéaire, ce qui réduit les potentialités écologiques du site. La fauche répétée des roselières limite considérablement les possibilités d'accueil pour l'avifaune et pour les amphibiens.
Afin de maintenir l'intérêt de cette zone, plusieurs mesures de gestion pourraient être mises en œuvre :
- restauration des ceintures végétales aquatiques et terrestres ;
- limitation de la fauche et de l'entretien des berges ;
- création d'une mare pour assurer la pérennité du site de reproduction du triton crêté et maintien du niveau d'eau dans le fossé jusqu'en juillet.
