DESCRIPTION
A l'est de l'agglomération de Belfort, la zone des " étangs du Proc et pelouses voisines " englobe des milieux contrastés. En contrebas du bois de la Brosse, plusieurs étangs à vocation récréative ont été creusés dans une zone humide s'étendant autour du ruisseau des Neuf Fontaines. Les berges de ces plans d'eau sont abruptes, ce qui limite fortement l'implantation de ceintures de végétation amphibie.
D'un étang à l'autre, la flore aquatique est très diversement développée. Une roselière à massettes occupe une partie de l'un d'eux. Des boisements humides s'étendent sur une grande partie de la zone. Ils se présentent sous la forme de groupements marécageux à saule cendré et d'une aulnaie marécageuse. Le développement du couvert herbacé (végétation hygrophile à hautes herbes) s'en trouve par conséquent limité. Une petite fougère peu courante, l'ophioglosse commun, est mentionnée sur ce site.
Cependant, ces étangs se démarquent surtout pour leur intérêt faunistique. La cordulie métallique, libellule peu commune dans le département, apprécie ces eaux stagnantes aux berges ombragées. Parmi les amphibiens, on recense deux espèces en régression, plutôt rares en Franche-Comté et protégées en France : le triton crêté et la rainette verte. Ces stations sont d'autant plus remarquables que leur localisation est excentrée par rapport aux autres noyaux de population du département. Les exigences écologiques assez strictes du triton crêté, d'intérêt européen, le rendent sensible aux modifications de ses biotopes. La rainette verte, petite grenouille arboricole vulnérable, exige des boisements aux abords des plans d'eau où elle se reproduit.
Au nord et au sud de la zone, des pelouses mésophiles sur substrat calcaire présentent divers faciès d'enfrichement. Ce type de végétation herbacée s'installe sur des sols généralement superficiels à degré nutritionnel plutôt faible. Le cortège floristique typique comprend des plantes adaptées à ces conditions contraignantes, telles que le brome faux seigle. Le damier de la succise, papillon d'intérêt européen, protégé en France, est également recensé.
STATUT DE PROTECTION
Ce secteur ne bénéficie d'aucune protection réglementaire. En revanche, la présence d'espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 23/04/07 et 19/11/07).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
L'intérêt de cette zone réside dans la juxtaposition de milieux très secs à aquatiques.
Les étangs et la zone humide ont une fonction d'habitat quasi-exclusif d'un certain nombre d'espèces rares et menacées. Ces milieux jouent également un rôle important dans l'hydrologie (atténuation des pics de crue à l'aval par stockage des eaux de pluie et régulation des nutriments). Les mesures de gestion doivent viser à :
- maintenir des conditions favorables aux batraciens et assurer un suivi des populations ;
- préserver la qualité des eaux des étangs et conserver les zones humides environnantes.
Ces plans d'eau s'intègrent dans l'ensemble fonctionnel beaucoup plus large des étangs du Territoire de Belfort. C'est à cette échelle que la conservation de la faune vertébrée doit être raisonnée. Par exemple, un réseau de sites de reproduction est essentiel à la dynamique des populations de la rainette verte ; en plus du Sundgau, seuls deux autres pôles de répartition subsistent en Franche-Comté (Bresse et vallée de l'Ognon).
Les pelouses sont des milieux fragiles. Ici, la principale menace est liée à la colonisation par les ligneux (très avancée dans la partie ouest). Un recouvrement arbustif d'environ 25 % est le plus propice à une biodiversité élevée. La conservation de ces milieux est importante au plan départemental du fait de leur rareté (moins d'une centaine d'hectares). Dans ce secteur, ces pelouses appartiennent à un réseau cohérent. L'obtention d'une maîtrise d'usage serait souhaitable afin d'assurer la mise en œuvre d'une gestion au plan intercommunal.