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DESCRIPTION
Au nord-est du Territoire de Belfort, le piémont des Vosges est caractérisé par un relief peu marqué et un sous-sol composé de dépôts alluvionnaires plutôt imperméables. De nombreux petits cours d'eau (appelés " gouttes ") s'écoulent en direction du sud pour former le Margrabant puis la Saint-Nicolas. Au nord-est de Felon, l'une de ces gouttes s'écoule dans un secteur humide en contact entre prairies et forêt. Les Prés de Belveaux constituent un ensemble préservé au sein d'une vallée marquée par une forte densité d'étangs.
Cette zone est composée d'une mosaïque de formations végétales humides, tant ouvertes que boisées. Les groupements imbriqués se répartissent selon la topographie. Il faut notamment remarquer :
- une prairie fauchée acidiphile et oligotrophe à molinie, marquée par un caractère séchard durant la saison estivale. Elle constitue un milieu de transition entre des prairies humides à jonc à fleurs aiguës et à molinie et des mégaphorbiaies, formations de hautes herbes à angélique et cirse maraîcher ;
- des prairies paratourbeuses à pédiculaire des bois, en mélange avec des groupements se rapportant à des cariçaies à laîche vésiculeuse ;
- des aulnaies à hautes herbes à laîche fausse brize ; cette dernière espèce peut se montrer très envahissante.
Le principal intérêt de cette zone est d'ordre floristique : les Prés de Belveaux abritent en effet une station de glaïeul des marais (bénéficiant d'un statut de protection au plan national). Cette plante remarquable, typique des prairies humides et des marécages calcaires, supporte bien les variations d'humidité du substrat sur lequel elle se développe. Cette espèce de la famille des Iridacées n'était pas signalée en Franche-Comté par les anciens botanistes. Découverte en 2001, la localité des Prés de Belveaux constitue une grande originalité pour le Territoire de Belfort au vu de sa situation très au nord de l'aire de répartition de ce glaïeul ; actuellement, seules deux autres stations sont connues dans le sud du Jura. La pédiculaire des forêts, protégée dans la région, est également recensée. Encore largement répandue en Franche-Comté (bien qu'elle soit disséminée), cette plante est menacée par la destruction de ses habitats (milieux plutôt acidiphiles soumis à des variations de niveau d'eau).
A ces habitats est associée une faune typique (insectes, oiseaux, amphibiens…).
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, la présence de plantes protégées par les arrêtés ministériels des 20/01/82 et 22/06/92 assure la protection de cette zone puisque tout acte de destruction à l'encontre de ces espèces et de leur milieu est interdit.
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Cet ensemble de zones humides joue un rôle important dans l'hydrologie (atténuation des pics de crue à l'aval par stockage des eaux de pluie et régulation des nutriments). La gestion traditionnelle a contribué à créer une mosaïque d'habitats semi-naturels riches et diversifiés. Anciennement, ces prés exploités pour la récolte de litière ou de fourrage maigre n'étaient pas fertilisés. Ces prairies humides de fond de vallée sont généralement menacées par le drainage et les plantations. De plus, le creusement d'étangs peut entraîner des modifications du fonctionnement hydrologique de la zone, par abaissement du niveau de la nappe.
Cependant, le principal risque affectant ce site est un abandon d'exploitation, qui se traduirait par une colonisation par la mégaphorbiaie puis par les ligneux. La population de glaïeul des marais étant très isolée et de petite taille, son maintien s'en trouverait compromis.
Différentes actions apparaissent nécessaires et urgentes, avec pour objectif prioritaire d'assurer la pérennité de la station de glaïeul des marais :
- protection réglementaire du secteur associée à une maîtrise foncière ;
- mise en place de mesures contractuelles de gestion visant à conserver une exploitation extensive (absence de fertilisants) ;
- défrichement (avec exportation des bois coupés) ;
- suivi régulier des actions.
