DESCRIPTION
Au sud-est immédiat de l'agglomération belfortaine, le fort Ordener (ou fort de Vézelois), construit à la fin du XIXe siècle, est le plus imposant ouvrage du système défensif de Belfort. Il est installé sur une butte, dans un contexte ouvert dominé par des cultures intensives et des prairies.
A l'est de cette place forte, la zone englobe un ensemble bien diversifié de formations prairiales occupant un flanc de coteau en pente douce orienté à l'est et présentant un gradient d'humidité croissant du sud au nord. Les associations herbacées se déclinent selon la nature du sous-sol, la disponibilité en eau et la topographie. Elles comprennent des prairies de fauche mésophiles relativement sèches sur substrat marneux et des groupements humides et paratourbeux, en fond de cuvette, au nord. Ces formations peu enrichies en éléments nutritifs se caractérisent par une grande diversité floristique. Elles comprennent un mélange d'éléments de prairies de fauche mésophiles à mésohygrophiles (moyennement sèches à assez humides) et de pelouses marnicoles mésophiles à humides, ainsi que des espèces plus acidiclines témoignant de l'existence de zones décalcifiées et une végétation typique des prairies humides. De façon générale, les conditions contraignantes des pelouses (sols superficiels, pauvreté en éléments nutritifs, faiblesse des réserves en eau, ensoleillement important) conduisent à l'implantation d'un cortège typique et original. De plus, les pelouses marnicoles présentent de forts contrastes hydriques au cours de l'année (alternance d'engorgement passager et de sécheresse). Prioritaires au plan européen, ces milieux sensibles sont rares dans le département. Bien qu'ils soient appauvris en nombre d'espèces dans la Trouée de Belfort, leur préservation n'en revêt pas moins un intérêt majeur.
Parmi les espèces patrimoniales recensées, il faut notamment signaler le trèfle étalé, qui se trouve dans les pelouses et prairies fraîches à humides et peu riches. Bien qu'elle soit largement répartie sur le territoire régional, cette plante reste rare en Franche-Comté. L'ophioglosse commun, ou langue de serpent, est une petite fougère discrète à morphologie caractéristique bien adaptée aux forts contrastes hydriques annuels.
L'intérêt entomologique du site est élevé. Ces formations herbacées riches en plantes à fleurs constituent en effet des habitats originaux, très sélectifs, qui permettent l'installation d'un cortège d'insectes très intéressant : les floraisons abondantes et réparties dans l'année sont favorables à de nombreux insectes floricoles, en particulier aux papillons de jour. On recense ainsi le damier de la succise, menacé et protégé en France. Cette espèce est inféodée aux prairies maigres et aux pelouses riches en succise des prés, plante hôte de sa chenille.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, la présence d'un insecte protégé confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêté ministériel du 23/04/07).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
L'état de conservation de ce site semble être favorable. Une grande partie est constituée d'un enclos où sont parqués des daims alors que le reste est exploité en prairie de fauche. La poursuite d'une conduite extensive et la fauche tardive dont semblent bénéficier les secteurs humides sont des pratiques favorables sur le plan écologique.
Bien qu'elles bénéficient des mêmes conditions de sol et d'humidité, les prairies périphériques ont perdu de leur attrait écologique : le drainage et l'intensification des pratiques agricoles (enrichissement en éléments nutritifs notamment) semblent responsables de l'appauvrissement et de la banalisation de leur composition floristique. La gestion est donc déterminante pour garantir la qualité des milieux. Ainsi tout changement de mode d'exploitation pourrait être préjudiciable à la préservation de cette zone.