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DESCRIPTION
Au sud du département du Jura, la région naturelle de la Petite Montagne se situe entre la plaine de Bresse et le cours de l’Ain. Ce territoire est ainsi dénommé d’après la fréquence des reliefs tourmentés. La structure géologique est constituée de trois faisceaux associés à deux étroites bandes de plateaux, ce qui se traduit par une alternance de crêtes et de dépressions orientées globalement nord-sud.
Sur les communes de Bourcia et de Val d'Epy, la Côte d'En Senetent occupe un coteau orienté selon un axe nord-sud. Le substrat géologique est constitué de formations du Jurassique supérieur (marno-calcaires de l’Argovien, et ponctuellement affleurements calcaires du Rauracien). La présence de sols superficiels, voire d'affleurements rocheux ou d'argiles compactes, la pauvreté relative en éléments nutritifs, la faiblesse des réserves en eau et l’ensoleillement important ont favorisé la venue de groupements de pelouses. Suite à la déprise agricole du milieu du XXe siècle, cette pelouse a subi un certain nombre de transformations : plantations de pin sylvestre ou d'acacia et, plus récemment, fertilisation et même mise en culture. Aussi, seuls deux secteurs distincts encore bien typés restent inclus dans le périmètre de cette zone. Ils constituent encore de bons exemples des milieux originels caractéristiques de ce secteur géographique. Sur ce site, les associations végétales se différencient en formation acidicline à danthonie retombante et brachypode penné dans les secteurs décalcifiés ou en pelouse à blackstonie perfoliée sur marne. Ces dernières sont soumises à des contraintes supplémentaires liées à la nature du substrat (fort contraste hydrique, faible stabilité des sols constamment rajeunis par l’érosion, humus peu épais). Ce type de pelouse original est caractéristique du Jura où il est bien représenté, surtout en Petite Montagne.
Les conditions contraignantes de ces milieux entraînent la sélection d’un cortège floristique original, riche en éléments d’affinité méditerranéenne, dont deux sont protégés dans la région. Le trèfle strié, par exemple, se trouve surtout dans les secteurs décalcifiés. Ces pelouses sont entrecoupées de nombreux affleurements rocheux ; ceux-ci sont colonisés par une végétation pionnière très spécialisée (comprenant des espèces peu communes comme le myosotis hérissé, le polygala amer et la pétrorhagie prolifère). La dynamique d’évolution de ces milieux tend vers une recolonisation par les ligneux, ce qui se traduit par la présence d’ourlets forestiers thermophiles et de buissons.
A ces habitats structurés de façon hétérogène est associée une faune typique. De nombreuses espèces (oiseaux, reptiles, insectes) y trouvent en effet des zones refuge.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l’espace n’a été mise en place. En revanche, la présence de plantes protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêté ministériel du 22/06/92).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
D’une manière générale, les pelouses sont des milieux semi-naturels relictuels et en régression. Si, globalement, ces habitats présentent encore un bon état de conservation en Petite Montagne, ils sont toutefois soumis à deux types de menaces. D’une part, l’abandon lié à la déprise agricole conduit à leur enfrichement progressif, ce qui remet en cause la pérennité des habitats et des espèces à terme. Au contraire, les secteurs aux sols plus profonds risquent d’être intensifiés : fertilisation ou amendements organiques, voire retournement et mise en culture, ou alors plantations d’arbres. Certaines de ces transformations pourraient même entraîner une destruction quasi-irréversible de ces milieux.
Outre l’intérêt propre qu’elles présentent, ces pelouses font partie intégrante d’un réseau favorable à des échanges entre populations d’espèces calcicoles et thermophiles à l’échelle de la Petite Montagne et jouent à ce titre un rôle de corridor écologique.
