ZNIEFF 430020343
TOURBIÈRES DU ROND CIGLE

(n° régional : 50174053)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

La région naturelle des plateaux et moyenne montagne vosgienne dite " plateau des Mille Etangs " se caractérise par une grande densité d'étangs tourbeux dans un contexte de forêts et de prairies humides. Dans un relief assez peu marqué, les tourbières du Rond Cigle se situent au sud-ouest du village de Melay, à hauteur du hameau des Oroz. Assez enfrichée, cette zone tourbeuse pourvue de plusieurs pièces d'eau se révèle d'un bel attrait paysager.

L'altitude, le climat froid et très humide, le substratum géologique cristallin associé aux placages glaciaires plutôt imperméables, la nature acide des eaux de ruissellement et des précipitations ainsi que le relief peu accidenté sont autant de conditions favorables à la formation de tourbières dans ce secteur. Divers cas se présentent selon le type d'alimentation hydrique : radeau flottant à la surface d'un étang, ruissellement le long d'une pente douce ou encore accumulation et stagnation d'eau dans une dépression. Dans ces trois situations, l'alimentation en eau intervient latéralement dans la genèse ; les précipitations peuvent s'y ajouter ou s'y substituer totalement ensuite. Ces milieux sont caractérisés par la présence de sphaignes sous forme de buttes et d'un cortège floristique associé. Sur le site du Rond Cigle, des groupements de tourbière de transition (tremblants à laîche à bec, ainsi que des tapis et radeaux flottants à laîche des bourbiers) cohabitent étroitement avec des communautés pionnières à rhynchospore blanc occupant les gouilles et les dépressions humides. Des secteurs de tourbière bombée présentant des faciès dégradés à molinie sont également présents. Cette zone recèle des plantes typiques et rares, dont quatre protégées au plan national : la laîche des bourbiers, la scheuchzérie des marais et les rossolis à feuilles rondes et à feuilles intermédiaires. Les Vosges saônoises constituent l'unique pôle régional de répartition de cette dernière. Des formations plus sèches sont également présentes : landes à callune et à genêt poilu ou à fougère aigle.

L'intérêt majeur du site repose sur la présence d'un riche cortège de libellules, composé d'espèces typiques de ces milieux tourbeux : cordulies arctique et métallique, sympétrum noir et surtout leucorrhine douteuse. Cette dernière est étroitement liée aux milieux tourbeux, où elle fréquente les gouilles des tourbières à sphaignes, les étangs et marais tourbeux acides ; elle est prioritaire en Franche-Comté en raison du faible nombre de stations (une dizaine en Haute-Saône) et des menaces pesant sur ses habitats. D'autres espèces rares et aux populations clairsemées, telles que l'agrion délicat et les lestes dryade et verdoyant sont également mentionnées.

 

STATUT DE PROTECTION

La zone est incluse dans le site Natura 2000 " Plateau des Mille Etangs ". En outre, la présence de plantes protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêté ministériel du 20/01/82).

 

OBJECTIFS DE PRESERVATION

Les tourbières de Haute-Saône s'étendent sur moins de 250 hectares pour une centaine de sites. Ces réservoirs de biodiversité assurent également des fonctions de régulation hydrique (" rôle d'éponge ") et d'épuration des eaux. Compte tenu de sa valeur et de la rareté des habitats représentés, la sauvegarde de cette zone est prioritaire.

L'enfrichement et l'assèchement seraient susceptibles d'accélérer le processus naturel d'atterrissement et de colonisation par les ligneux. En outre, la présence de la leucorrhine douteuse est un paramètre important à prendre en compte dans la gestion du site : en raison de la fragilité de ses habitats et de son extrême localisation dans le secteur sous-vosgien, il conviendrait d'engager des mesures de gestion conservatoire en faveur de cette espèce sensible à la fermeture des milieux. Ces opérations passent par le maintien et la restauration des gouilles existantes, voire par la création de trous d'eau de petite dimension.

 

Commentaires sur la délimitation
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