ZNIEFF 430020350
LA SAÔNE A BETAUCOURT

(n° régional : 39182035)

Commentaires généraux

Description

 

La vaste plaine alluviale de la Saône représente un territoire bien particulier en raison de son inondabilité. En Haute-Saône, ce cours d’eau présente un profil caractéristique des rivières de plaine, serpentant dans un lit majeur étendu. Les crues successives ont façonné le paysage au fil du temps et imposé l’occupation des sols.

 

A Betaucourt, une vaste zone constitue un complexe fonctionnel bien typique. La Saône présente ici une dynamique active, avec diverses annexes alluviales, des ruisselets et fossés bien végétalisés traversant des prairies inondables (bien représentées en rive droite). L’ensemble est ponctué de haies, de boisements humides et de ripisylves.

 

La composition floristique des prairies reflète leur position topographique (degré d’inondabilité) et le mode d’exploitation, les formes fauchées étant les plus riches. Les groupements herbacés se déclinent ainsi en prairie longuement inondable à œnanthe fistuleuse et laîche des renards, puis en formations fauchées à séneçon aquatique et brome en grappe ou pâturées à orge faux-seigle et ray-grass et enfin en une association à fromental et colchique sur le sol sableux du bourrelet de rive. Une magnocariçaie à laîche aiguë occupe des secteurs très humides en permanence.

 

Le cortège de libellules se révèle très intéressant : l’agrion de Mercure, demoiselle protégée, en régression en plaine, est ainsi recensé autour du ruisselet du bois de Montheura. Ce système aquatique peu profond au débit modéré se caractérise par une physionomie originale et un fort développement de la végétation herbacée sur ses rives. Ce ruisseau héberge aussi le gomphe vulgaire et le cordulégastre annelé, deux libellules dont la répartition est clairsemée et qui sont plutôt inféodées aux cours d’eau de tête de bassin, aux eaux propres et au courant soutenu.

 

Située dans la continuité du couloir rhodanien, la vallée de la Saône revêt de surcroît un intérêt ornithologique majeur. Les vastes espaces herbacés inondables constituent un lieu d’accueil pour la nidification d’une avifaune inféodée aux prairies de fauche, en régression en plaine : le courlis cendré, le tarier des prés et le pipit farlouse sont ici recensés avec des effectifs élevés pour les deux derniers. Leur présence témoigne du bon état écologique des habitats. Le râle des genêts ne niche plus depuis 1996, bien que le milieu lui reste toujours favorable. Son absence doit vraisemblablement être reliée à sa biologie et à son extrême rareté.

Cette zone est aussi très fréquentée par les chiroptères, dominés par les Murins.

Enfin, la Saône est, à cet endroit, une zone propice à la reproduction du Brochet et de la Truite fario notamment.

 

STATUT DE PROTECTION

 

La zone est incluse dans le site Natura 2000 « Vallée de la Saône ». En outre, la présence d’espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 8/12/88, 22/06/92, 23/04/07, 19/11/07 et 29/10/09).

 

OBJECTIFS DE PRESERVATION

 

Ce vaste ensemble de zones humides joue le rôle d’un espace tampon dans la plaine alluviale, assurant des fonctions d’amélioration de la qualité de l’eau, de régulation du débit et de limitation de l’érosion.

 

La gestion traditionnelle (fauche et pâturage extensif) a contribué à créer une mosaïque d’habitats semi-naturels riches et diversifiés. La préservation durable de cette zone est liée au bon fonctionnement hydrologique et à l’intégrité des milieux, objectifs s’intégrant dans le cadre plus large du Contrat de Vallée Inondable. Il convient donc de conserver :

 

- la fonctionnalité des systèmes latéraux (pas de drainage ni de remblaiement) ;

- la végétation riveraine et les prairies inondables ;

- les pratiques agricoles extensives (limitation des intrants, retard de fauche, bandes enherbées servant de zones tampon).

 

Les libellules présentes sur cette zone sont particulièrement sensibles aux aménagements réalisés sur les cours d’eau, à la qualité de l’eau et à l’ombrage (en lien avec la progression des ligneux). Il convient notamment de proscrire toute opération de recalibrage et de conserver une végétation herbacée assez dense. Un curage éventuel devrait être strictement encadré.

Commentaires sur la délimitation
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