DESCRIPTION
Au sud du département du Jura, la région naturelle de la Petite Montagne se situe entre la plaine de Bresse et le cours de l’Ain. Ce territoire est ainsi dénommé d’après la fréquence des reliefs tourmentés. La structure géologique est constituée de trois faisceaux associés à deux étroites bandes de plateaux, ce qui se traduit par une alternance de crêtes et de dépressions orientées globalement nord-sud.
Au sud de Menouille, la vallée de l’Ain commence à se rétrécir. A ce niveau, la zone du coteau de l’Ain au Saut Mortier comprend deux entités situées de part et d’autre de la route qui emprunte la vallée en rive droite. Sur le plan géologique, cette zone repose sur des dépôts d’origine glaciaire d’où émergent des calcaires sous-jacents du Kimméridgien (Jurassique supérieur).
Le versant surplombant la route RD 60 est colonisé pour l’essentiel par une végétation herbacée haute et sèche entrecoupée de dalles calcaires affleurantes. Les conditions y sont favorables à l’installation de pelouses : sols superficiels à squelettiques, relative pauvreté en éléments nutritifs, réserves en eau limitées et exposition ensoleillée. Les associations représentées se déclinent en formation acidicline à danthonie retombante et brachypode penné dans les secteurs décalcifiés et en pelouse à blackstonie perfoliée et brome dressé sur marnes. Cette dernière est caractéristique du Jura où elle est bien représentée, surtout en Petite Montagne. Son originalité provient des contraintes particulières auxquelles sont soumises ces formations sur marne (fort contraste hydrique, faible stabilité des sols constamment rajeunis par l’érosion, humus peu épais). Par conséquent, le cortège floristique associé est riche en espèces typiques et comprend de nombreux éléments d’affinité méditerranéenne, comme le thésium à feuilles de lin, protégé dans la région. Localement, la présence d’ourlets thermophiles et de buissons traduit une dynamique de recolonisation par les ligneux.
Au lieu-dit Sous la Pouillat, en contrebas de la route, les prairies fauchées, sur sol plus profond, relèvent de l’association mésophile à brome et sainfoin. Elles présentent un excellent état de conservation. Sur la partie nord, les pelouses jouxtent un secteur humide : cette diversité d’habitats juxtaposés rehausse l’intérêt écologique du site et contribue à sa grande valeur sur le plan faunistique. La structure hétérogène des milieux est particulièrement propice aux insectes. Le cortège de papillons de jour, notamment, est assez diversifié, avec une vingtaine d’espèces. Il comprend notamment le damier de la succise (protégé en France et reconnu d’intérêt communautaire), typique des pelouses marnicoles de Petite Montagne. Le moiré franconien, les azurés du genêt, des coronilles et des cytises sont également recensés : ces espèces dont la répartition est de plus en plus localisée présentent de forts enjeux de conservation.
STATUT DE PROTECTION
Cette zone est incluse dans le réseau Natura 2000 « Petite Montagne du Jura ». De plus, elle est soumise aux dispositions de la loi Littoral qui s'appliquent au lac de Vouglans. En outre, la présence d’espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 22/06/92 et 23/04/07).
OBJECTIFS DE PRÉSERVATION
D’une manière générale, les pelouses sont des milieux semi-naturels relictuels et en régression. Globalement, ces habitats présentent encore un bon état de conservation en Petite Montagne, mais l’abandon lié à la déprise agricole conduit à leur enfrichement progressif. C’est le cas sur ce site, où l’embroussaillement des pelouses sur le coteau s’avère problématique par endroits. Sur ces secteurs les plus fermés, une reprise des pratiques agro-pastorales extensives (quelques semaines de pâturage bovin par an) serait favorable. Concernant la conservation des prairies de fauche, le maintien des pratiques actuelles est à encourager. En particulier, tout apport de fertilisants est à éviter, puisqu’il entraînerait une banalisation de la flore et des habitats.