English Version
DESCRIPTION
Au sud du département du Jura, la région naturelle de la Petite Montagne se situe entre la plaine de Bresse et le cours de l’Ain. Ce territoire est ainsi dénommé d’après la fréquence des reliefs tourmentés. La structure géologique est constituée de trois faisceaux associés à deux étroites bandes de plateaux, ce qui se traduit par une alternance de crêtes et de dépressions orientées globalement nord-sud.
Dominant le village de Légna, le site des Avanchers s’étend sur un coteau orienté de l’ouest au sud. Un terrain de moto-cross occupe la partie sommitale ; selon toute vraisemblance, ce secteur a été anciennement exploité pour une extraction de graviers. Cette zone de pelouses exploitée plus intensivement sur la partie basse (où des haies perpendiculaires soulignent la pente) et embroussaillée en haut de versant est surmontée de boisements. L’ensemble se révèle intéressant en raison de la structure des habitats et de leur juxtaposition étroite. L'existence de faciès décapés (y compris par le passage des engins), de pelouses, de faciès d'enfrichement, la présence de haies et d’une forêt en bordure immédiate concourent donc à une mosaïque d’habitats favorable à une bonne diversité écologique.
De façon générale, les pelouses sont des formations herbacées basses s’installant à la faveur de facteurs particuliers : sol superficiel à squelettique, relative pauvreté en éléments nutritifs, réserves en eau limitées, ensoleillement important. Sur ce coteau, les associations se déclinent en pelouse mésoxérophile sur sol superficiel ou en groupement mésophile à brome et sainfoin sur terrain plus profond. Des dalles calcaires affleurant localement sont colonisées par une végétation pionnière spécialisée. L’évolution de ces milieux tend vers une recolonisation par les ligneux, ce qui se traduit par la présence de faciès d’enfrichement (ourlets forestiers thermophiles, buissons de genévriers), surtout représentés sur la partie haute.
La diversité des habitats et leur structure hétérogène est favorable à une faune typique. En particulier, le cortège de papillons de jour se révèle riche et bien diversifié, avec une vingtaine d’espèces recensées. Parmi les éléments les plus remarquables, il faut mentionner l'azuré des coronilles et l'hespérie du chiendent, inféodés aux pelouses sèches et rases, ainsi que le grand nègre des bois et la thécla du prunier ; ces derniers sont liés aux lisières, broussailles et bois clairs. Toutes ces espèces présentent une répartition localisée, bien qu’elles puissent être assez abondantes dans leurs stations. L'azuré du serpolet a également été noté à vérifier sur cette zone en 2014. Le grand nègre n'a pas été contacté en 2014 mais ceci s'explique par la précocité du passage. Le milieu lui semble toujours favorable et il doit vraisemblablement être encore présent sur ce site. Le criquet jacasseur est également présent ; il est considéré comme quasi menacé en Franche-Comté et se raréfie en plaine ces dernières années .Il serait également intéressant de compléter l'inventaire des Orthoptères avec un passage plus tardif.
STATUT DE PROTECTION
Cette zone est incluse dans le réseau Natura 2000 « Petite Montagne du Jura ».
OBJECTIFS DE PRÉSERVATION
D’une manière générale, les pelouses sont des milieux semi-naturels relictuels et en régression. Globalement, ces habitats présentent encore un bon état de conservation en Petite Montagne, toutefois, les secteurs les moins accessibles ou difficiles à exploiter risquent d’être abandonnés progressivement par l’agriculture, ce qui conduirait à leur enfrichement. Sur ce site, les orientations de gestion vont viser à restaurer les parties les plus embroussaillées ou boisées de la partie haute ; une combinaison d'interventions manuelles ou mécaniques puis un entretien par pâturage serait approprié. Le maintien du pacage ou de la fauche sur les secteurs de pelouse en début d'enfrichement est également à encourager, afin de limiter la progression des ligneux. Par contre, les prairies maigres dans la partie basse du coteau apparaissent plus intensifiées, ce qui risque d’entraîner une banalisation des habitats et des espèces : une extensification des pratiques serait donc souhaitable.
Outre l’intérêt propre qu’elle présente, cette pelouse fait partie intégrante d’un réseau favorable à des échanges entre populations d’espèces calcicoles et thermophiles à l’échelle de la Petite Montagne (notamment pour les papillons) et joue à ce titre un rôle de corridor écologique.
