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DESCRIPTION
Au sud du département du Jura, la région naturelle de la Petite Montagne se situe entre la plaine de Bresse et le cours de l’Ain. Ce territoire est ainsi dénommé d’après la fréquence des reliefs tourmentés. La structure géologique est constituée de trois faisceaux associés à deux étroites bandes de plateaux, ce qui se traduit par une alternance de crêtes et de dépressions orientées globalement nord-sud.
Au sud-est de Cornod, la zone À l’Épine correspond à une petite pelouse sèche implantée sur une légère pente en contrebas de la côte de Palavard. Sur ce petit coteau orienté à l’est, le substrat géologique est composé de calcaires durs et de marnes du Jurassique supérieur (faciès Callovien et Bathonien essentiellement). Cette zone se trouve plutôt enclavée, en contact direct avec la lisière forestière. De ce fait, la végétation herbacée de type pelouse y est dans son ensemble haute et dense. Les conditions contraignantes (sol superficiel à squelettique, relative pauvreté en éléments nutritifs, réserves en eau limitées, ensoleillement important) entraînent la sélection d’un cortège floristique caractéristique, riche en éléments d’affinité méditerranéenne. Toutefois aucun taxon patrimonial n’a été mentionné sur cette zone. L’évolution naturelle des pelouses tend vers une recolonisation par les ligneux, ce qui se traduit par la présence de fourrés à buis et de stades plus évolués de recolonisation de la forêt mésophile. Sur ce site, l'enfrichement est conséquent et devient même assez préoccupant.
A ces habitats structurés de façon hétérogène est associée une faune typique. Malgré sa petite taille, la zone héberge un cortège de papillons diurnes bien diversifié ; il comprend en effet plus de 15 espèces, dont certaines sont remarquables. La bacchante, protégée en France, est inféodée aux lisières sèches à végétation herbacée bien développée, alors que la thécla de l'amarel, toujours peu abondante et dont la répartition est localisée, recherche tout particulièrement des pelouses calcaires peu ou non pâturées, envahies par des prunelliers.
STATUT DE PROTECTION
Cette zone est incluse dans le réseau Natura 2000 « Petite Montagne du Jura ». En outre, la présence d’un insecte protégé confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêté ministériel du 23/04/07).
OBJECTIFS DE PRÉSERVATION
D’une manière générale, les pelouses sont des milieux semi-naturels relictuels et en régression. Si ces habitats présentent encore globalement un bon état de conservation en Petite Montagne, les secteurs les moins accessibles ou difficiles à exploiter risquent d’être abandonnés progressivement par l’agriculture, ce qui conduirait à leur enfrichement. C’est le cas de cette zone, qui semble toutefois soumise à un pâturage bovin ponctuel. Cependant, il ne semble pas suffisant pour maintenir à lui seul un degré d’ouverture satisfaisant. Aussi, l’entretien de cette zone pourrait être intégré dans un programme plus vaste visant à restaurer et entretenir les lisières et les formations forestières adjacentes. Le but est de procurer des zones de nourriture et de reproduction riches en végétation herbacée haute et fleurie, habitats qui conviennent aux exigences écologiques d’espèces comme la bacchante. Les pratiques de pacage extensif sont à même de remplir ces conditions si un équilibre est trouvé entre la dynamique d’embroussaillement du milieu et sa réouverture constante par le bétail. Un taux d'enfrichement compris entre 20 et 50 % paraît être le plus favorable. La conservation de zones boisées claires est également à préconiser.
Outre l’intérêt propre qu’elle présente, cette pelouse fait partie intégrante d’un réseau favorable à des échanges entre populations d’espèces calcicoles et thermophiles à l’échelle de la Petite Montagne et joue à ce titre un rôle de corridor écologique (notamment pour les papillons).
