ZNIEFF 430020402
MARES DES MOULETTES

(n° régional : 43489081)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Au sud du département du Jura, la région naturelle de la Petite Montagne se situe entre la plaine de Bresse et le cours de l’Ain. Ce territoire est ainsi dénommé d’après la fréquence des reliefs tourmentés. La structure géologique est constituée de trois faisceaux associés à deux étroites bandes de plateaux, ce qui se traduit par une alternance de crêtes et de dépressions orientées globalement nord-sud. Sur le plateau d’Arinthod, aux Moulettes, deux mares contigües sont implantées dans des prés pâturés par des chevaux, au sein d’un paysage ouvert dominé par des prairies et haies bocagères.

Eléments paysagers autrefois caractéristiques de notre pays, les mares ont subi un déclin accéléré au cours du XXe siècle. Ces points d’eau d’étendue réduite, de faible profondeur et dont le renouvellement en eau (souvent d’origine pluviale) est limité, sont en grande majorité d’origine humaine. Aux Moulettes, les mares sont installées à la faveur d’un substrat plutôt imperméable d’origine glaciaire. Ces systèmes subissent de fortes interactions avec le milieu environnant, ce qui leur confère une forte variabilité hydrologique, physico-chimique et biologique interannuelle.

L’intérêt de ces hydrosystèmes - d’une grande complexité - dépasse largement leur taille restreinte. Ces espaces de transition, où les milieux terrestre et aquatique sont étroitement imbriqués, possèdent une productivité importante et un potentiel biologique élevé. Selon leur typologie, les mares abritent des espèces typiques et diverses, en majorité à caractère pionnier. Surtout, elles revêtent un intérêt primordial pour la conservation des amphibiens : elles constituent des lieux de reproduction privilégiés où la prédation des œufs et têtards par les poissons est limitée.

La végétation des mares des Moulettes est tout à fait caractéristique et répartie de façon concentrique selon le degré d’humidité : flore aquatique (potamot nageant), puis amphibie (rubanier, massette, laîches), et enfin formation herbacée humide exubérante, haute et dense, de type mégaphorbiaie eutrophe. Les ligneux restent peu développés (jeune frêne, buissons, ronciers).

L’intérêt de ce site est essentiellement d’ordre faunistique, puisqu’il héberge plusieurs amphibiens en période de reproduction. Le triton crêté, d’intérêt européen, vient pondre dans ces mares au printemps, de même que les tritons alpestres et palmés. Après la reproduction, les batraciens se dispersent dans les milieux diversifiés alentours (prairies, haies, bosquets). Ces espèces, toutes protégées, présentent une répartition localisée, due à la raréfaction des lieux de reproduction et à la simplification des paysages.

 

STATUT DE PROTECTION

Cette zone est incluse dans le réseau Natura 2000 « Petite Montagne du Jura ». En outre, la présence d’amphibiens protégés confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêté ministériel du 19/11/07).

 

ÉTAT DE CONSERVATION GÉNÉRAL DU SITE (2014)

L'état de conservation du site est particulièrement mauvais. On constate en effet un atterrissement et une eutrophisation progressifs de la mare, ainsi qu'une avancée des fourrés et ronciers sur la végétation de la mare. Cette dernière est séparée en deux car partagée par deux parcelles différentes. La partie Est de la mare est préservée du piétinement car clôturée. La partie ouest n'est pas clôturée et souffre donc du piétinement par les animaux pâturant et s'abreuvant dans la parcelle.

 

OBJECTIFS DE PRÉSERVATION

Les particularités des mares leur confèrent une grande fragilité. Victimes de la modernisation de l’agriculture, de l’urbanisation croissante, d’un certain désintérêt ou d’a priori négatifs, ces plan d’eau subissent de nombreuses atteintes et disparaissent, et avec eux de nombreuses espèces. L’implantation des points d’eau des Moulettes en pré pâturé et leur utilisation comme abreuvoir sont garantes de leur pérennité. Le maintien de la vocation prairiale aux alentours est à préconiser.

Cette zone fait partie intégrante d’un réseau autorisant des échanges entre populations : cette notion de corridor écologique est primordiale pour la conservation. Cet aspect est d’autant plus intéressant que les milieux humides sont rares en Petite Montagne. En effet, sur le plan de la fonctionnalité écologique, les mares ne doivent pas être considérées comme des entités isolées, mais comme un réseau autorisant les déplacements des espèces d’un point d’eau à un autre et le renouvellement des populations.

Il est également préconisé de débroussailler les ronciers et fourrés et d'abattre les plus gros ligneux menaçant la végétation de la mare; ainsi que de réaliser un curage du fond du plan d'eau.

Commentaires sur la délimitation
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